Le Midem se réinvente de fond en comble
Le Midem 2012 se tiendra à Cannes du 28 au 31 janvier prochain. Cette 46ème édition sera sans aucun doute la plus innovante de son histoire car c’est un Midem profondément remanié qui s’annonce. Nouveau positionnement, nouvelles cibles, nouvelle configuration du Palais des festivals, nouveau logo, nouveau site… Affecté par l’état du marché et par la crise financière globale, avec une fréquentation en baisse depuis quelques années, le rendez-vous de l’industrie musicale mondiale a décidé de se réinventer, avec une nouvelle impulsion que Bruno Crolot, qui a pris la direction du marché en janvier dernier, dévoile à GL Connection.
Pour prendre le pouls de l’industrie musicale mondiale et de ses tendances, le Midem est la meilleure occasion. Ce qui l’a toujours condamné à s’adapter chaque année à la nouvelle donne pour coller au plus près aux réalités du secteur. Mais le challenge prend cette fois une toute autre envergure. Révolution au Palais ? « On garde les fondamentaux, en nous appuyant sur la marque, l’histoire et la clientèle du marché, mais on a reconsidéré de fond en comble tout ce qui fait le Midem » explique Bruno Crolot, qui a succédé il y a six mois à Dominique Leguern à la tête de l’événement. « Nous avions conscience de la nécessité d’élargir notre positionnement au-delà de notre clientèle historique que sont les éditeurs, producteurs et distributeurs de musique. A partir de 2012, nous adoptons un périmètre et un écosystème plus large ». Artistes, technologies et marques – qu’il s’agit de mettre en relation – seront ainsi les principaux axes du Midem (« On n’invente rien, on suit une évolution profonde du marché de la musique »).
Les artistes, nouvelle cible du Midem
Le marché va, pour la première fois, s’adresser directement aux artistes, signés ou non (« une cible nouvelle pour nous, hormis leur présence dans la programmation des concerts »), et à leur public -, avec « un vrai programme de contenus » (conférences, mentoring sessions, trainings…) qui leur sera dédié, ainsi qu’une zone baptisée « Direct2fan Camp », où seront exposés tous les outils digitaux à leur service, ainsi que des labels de toute taille. « J’aimerais aussi faire venir des gens de labels à des niveaux hiérarchiques plus bas. Il est dommage que ce soit surtout les directeurs de labels ou de départements qui viennent » ajoute Bruno Crolot.
Pour les artistes indépendants, le Midem crée un tarif d’accréditation très agressif à 295 € et va proposer diverses facilités dont des offres d’hébergement plus accessibles et plus économiques (notamment appartements à louer à plusieurs). « Les étudiants, qui bénéficient déjà du tarif à 295 euros, sont aussi une population que nous voulons développer » confie le directeur du Midem. « Parmi eux, il y a la relève de demain et cela apporte beaucoup de vitalité et d’effervescence, comme nous l’avons constaté lors de la conférence reThink Music, que nous avons organisé à Boston en mars, en partenariat avec Berklee College of Music. Nous allons d’ailleurs poursuivre ce partenariat au Midem ».
Les « technos » (les acteurs technologiques) constituent le deuxième axe de la manifestation. Tout en rappelant que 160 start-up étaient présentes au dernier Midem et que le MidemNet Lab a favorisé plusieurs « success stories » (Discover, Next Big Sound, Root Music et Jammbox en 2011, SoundKick et BandMetrics en 2010, SoundCloud en 2009…), Bruno Crolot souhaite aller au-delà, avec la création de « Innovation Factory », une zone ouverte – « descendance du MidemNet Lab » – où seront présents les start-up, les technologies, les outils, mais aussi des acteurs majeurs comme Microsoft ou Orange. Les marques, enfin, seront le troisième axe du Midem qui va développer pour elles un programme de contenus, conférences, workshops et case studies plus élaboré que précédemment.
Stands et conférences, le Palais des festivals chamboulé…
Nouveau positionnement et nouvelles cibles induisent de nouvelles actions pour toucher les populations visées. « C’est un vrai challenge et nous mettons en place une politique de prix très agressive, avec une grille plus lisible » souligne Bruno Crolot. Trois paliers de tarifs sont proposés : 495 euros pour les start-up (comme l’an dernier), mais aussi pour tous les participants qui s’inscrivent d’ici le 30 septembre (les accréditations sont déjà ouvertes), 650 euros de fin septembre au 15 novembre et 795 euros du 15 novembre au Midem. Auxquels s’ajouteront 100 euros de plus pour les inscriptions sur place. Soit 30 % de réduction en moyenne sur le « pricing ».
En termes de configuration du site et de surface, « on chamboule tout » annonce le directeur du Midem, en soulignant l’évolution inéluctable de la manifestation et le glissement des stands, son modèle économique historique, vers les participants et les services (rencontres, networking…). Le sous-sol du Palais des festivals (le fameux « - 1 ») qui concentrait la majorité des stands n’en accueillera plus aucun. « L’espace Riviera devient le cœur du marché. On entrera par la mer, avec The Hub, qui sera en quelque sorte la plage du village, la zone la plus active », indique Bruno Crolot. « On réinvestit le niveau Leyrins, plus vaste et plus convivial. A surface égale de stands, ce sera plus condensé et plus compact. Nous allons bouger 90 % des stands, ce qui n’est pas anodin. Les grands pavillons internationaux sont très enthousiastes, ils seront davantage valorisés et confortables ». Mais le « - 1 » ne restera pas inoccupé. A part quelques grands keynotes à l’auditorium Debussy et les « événements partenaires » (conférences de presse, etc.), tous les conférences Midem émigrent au sous-sol, avec la construction de 2 salles de 150 et 300 places (« On a ainsi voulu remettre les conférences au cœur du marché »). Le « - 1 » accueillera également le VIP Club, les Suites et le Press Club.
Côté calendrier, le Midem a été décalé à la dernière semaine de janvier. Il se déroulera du 28 au 31 janvier, dates plus confortables, notamment pour les Anglo-Saxons et les Allemands. « Nous ouvrirons le samedi matin pour clôturer le mardi soir. Il n’y aura plus la traditionnelle soirée d’ouverture du dimanche soir. Et plus de MidemNet. La marque disparaît, l’événement est cependant toujours là mais réparti dans le programme du marché sur les quatre jours, avec un « Visionary Monday » le 30 janvier » précise le directeur du Midem.
Le Midem lance son festival
La musique constituera un autre pilier du nouveau Midem, qui veut remettre le live au cœur du sujet et repenser les concerts, en rupture avec les programmations précédentes. « On créé un véritable festival Midem, à destination à la fois des professionnels et de notre clientèle mais aussi du public, un vrai public qui pourra acheter ses places avec une billetterie dédiée » annonce Bruno Crolot. Il n’y aura plus de concerts dans les hôtels mais 3 grandes soirées dans une belle salle les samedi, dimanche et lundi, avec des « headliners ». « Nous voulons monter en gamme, en termes de notoriété d’artistes. Il y aura toujours des découvertes et des artistes en développement, ce qui reste un élément fondamental du Midem, mais aussi des têtes d’affiche pour enrichir l’offre. On veut plus de fun, tout en faisant du business. Nous allons investir la ville et multiplier les lieux d’amusement et de plaisir ». La scène « fringe », lancée en dernière minute lors du précédent Midem, sera reconduite, avec une programmation dans la journée en plein cœur du marché, mais aussi dans les bars de Cannes le soir.
Nouveau modèle et nouvelle image
Le lifting concerne aussi la communication (« on en profite pour que ça se voit ! »). Le Midem change de logo, de base line, de charte graphique et de visuel (« de façon assez radicale »). Un nouveau site Internet est en ligne depuis le 12 juillet. Pendant l’événement à Cannes, les outils de communication vont aussi évoluer et le traditionnel guide Midem va changer de nom… « Davantage de fun ! C’est important. Il faut que les participants aient plaisir à venir » considère Bruno Crolot à propos des actions de communication. « Pour chaque cible, nous allons communiquer sur un « parcours idéal », à la fois sur notre site, via les réseaux sociaux et lors des accréditations en ligne ».
Innovations tous azimuts donc pour le rendez-vous international de l’industrie musicale et rupture claire avec ce qu’il fut pendant 45 ans, même si son directeur assure que les fondamentaux sont préservés. « Nous avons déjà des retours très positifs des clients auxquels nous avons annoncé la direction que nous prenons. Notre ambition est d’avoir plus de visiteurs que lors de l’édition précédente. Moins de panels mais plus de workshops, des ateliers mais au format plus interactif... Les pavillons nationaux et les stands restent notre base structurante, mais nous glissons de la vente de m2 vers les services aux visiteurs. C’est là-dessus que se fera notre croissance » résume Bruno Crolot. Le Midem nouveau est arrivé…