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La chanson en deuil, avec la disparition de Jean-Louis Foulquier

15 Décembre 2013 , Rédigé par Gildas Lefeuvre

Le monde de la chanson française vient de perdre l'un de ses plus ardents défenseurs. Jean-Louis Foulquier s’est éteint le 10 décembre, à l’âge de 70 ans, des suites d’un cancer du poumon. Producteur et animateur de radio, il a fait l’essentiel de son parcours à l’antenne de France Inter avec laquelle il a collaboré pendant 43 ans et dont il était l’une des plus grandes voix.

Né à La Rochelle, Jean-Louis Foulquier était monté à Paris à 20 ans pour faire chanteur, avait fréquenté les cabarets et enregistré plusieurs 45 tours avant d’entrer à France Inter en 1965 comme standardiste de nuit. Il se mit ensuite à collaborer peu à peu à plusieurs émissions avant que la direction de la station lui confie en 1975  un créneau nocturne, entre 2 et 3 heures du matin. Ce fut la création de « Studio de Nuit » et quelques rencontres plus tard (Brassens, Barbara…), celles de « Saltimbanques », « Bain de minuit », « Y’a d’la chanson dans l’air » et « Pollen » en 1984, qui fut l’un des piliers d’Inter pendant longtemps.

Il avait réalisé un autre rêve de gosse, celui de créer un festival dans sa ville d’origine, avec les Francofolies – lancées en 1985 et devenues l’un des rendez-vous emblématiques et incontournables de la scène hexagonale – qu’il développa avec Didier Varrod à ses côtés, labellisa (Montréal, Bulgarie, Spa, Suisse, Argentine, Chili, Berlin…) et céda vingt ans plus tard à Morgane Productions (Gérard Pont). Interlocuteur privilégié des artistes, marqués par sa convivialité, sa générosité et sa complicité, « Monsieur Chanson française » aura été pendant tout son parcours, côté radio comme côté scène, un passeur infatigable, cherchant constamment à faire émerger de jeunes artistes et permettant l’éclosion d’une multitude de talents (Renaud, Lavilliers, Patricia Kaas et bien d’autres) devenus incontournables de la chanson.

France Inter l’avait remercié en 2008 et l’homme s’était retiré avec regret, continuant à endosser de petits rôles au cinéma et à la télévision (une quarantaine de films ou téléfilms), se consacrant au théâtre et à la peinture. Chevalier de la Légion d’honneur, il avait publié une autobiographie (« Au large de la nuit ») en 1990 chez Denoël, et un album chez Phonogram en 1993, « Foulquier », concocté sur mesure par Allain Leprest et Romain Didier. Il y était entouré de Paul Personne, Patricia Kaas, Liane Foly et Axel Renoir.

Capitaine Foulquier a largué les amarres… « Ce n’est pas seulement une grande voix de la radio qui vient de s’éteindre, c’est aussi un homme qui n’aura cessé de donner sa chance à de jeunes auteurs, compositeurs, interprètes » écrit la Sacem. La ministre de la Culture rend aussi hommage, au moment où France Inter fête ses 50 ans, à celui qui fut « l’une des plus grandes voix de la radio publique ». Pour le Snep, « il restera dans le cœur et la mémoire des producteurs comme complice fidèle, un professionnel emblématique, un homme de conviction qui a toujours su porter haut les ambitions artistiques et fédérer toutes les énergies autour des projets qui l’enthousiasmaient », écrit le syndicat. De nombreux artistes ont par ailleurs salué celui qui les a soutenus depuis leurs débuts. « Beaucoup lui doivent leur carrière. Il a aussi pris beaucoup de risques, ça a été un des premiers à programmer du hip hop, du rap. C'est quelqu'un qui a marqué la chanson française, un personnage, une personnalité avec une fidélité indéfectible » dit de lui Gérard Pont, directeur artistique des Francofolies.

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