Aurélie Filippetti boycotte l’inauguration de l’institut culturel Google
Google a inauguré son institut culturel (en ligne) le 10 décembre à Paris dans ses locaux rue de Londres. Un site qui traduit « un engagement à long terme visant à donner accès aux œuvres et à démocratiser la culture » explique son directeur Amit Sood. Google s'est associé à des centaines de musées, d'institutions culturelles et d'archives pour héberger en ligne des trésors culturels du monde entier (œuvres d’art, monuments, sites du patrimoine mondial) et les rendre accessibles à tous. C’est aussi, pour le géant américain, une façon de se donner une belle image de mécène pour gommer celle, moins enviable, du « big brother » sans pitié auquel on reproche de profiter des contenus culturels sans les financer.
Aurélie Filippetti, qui y était invitée et dont les équipes étaient en repérage quelques jours auparavant, a d’ailleurs jeté un pavé dans la mare en décidant de ne pas s’y rendre. « Malgré la qualité des projets conduits, je ne veux pas servir de caution à une opération qui ne lève pas un certain nombre de questions que nous avons à traiter avec Google » a expliqué la ministre de la Culture au Monde, en citant pour points de friction : « la question de l’équité fiscale, celle de la protection des données personnelles, celle de la protection de la diversité culturelle et enfin le dossier des droits d’auteur ». Une décision prise aussi, a-t-elle confiée, à la suite des propos tenus une semaine plus tôt par Vinton Cerf, vice-président de Google, qui estimait que « la vie privée peut être considérée comme une anomalie ». L’Adami a aussitôt réagi en saluant, dans un communiqué, la « décision courageuse » de la ministre. « Rien ne justifie que l’Etat déroule le tapis rouge à une entreprise qui, comme l’a rappelé Aurélie Filippetti, pose un certain nombre de questions », considère la société d’artistes-interprètes.
Reste que le gouvernement a tenté de faire oublier cet affront à Google en dépêchant à l’inauguration Fleur Pellerin, ministre des PME, de l’innovation et de l’économie numérique, accompagnée de David Kessler, conseiller culturel du président de la République, et Denis Berthomier, conseiller culturel du Premier ministre. « Nous avons fait en sorte que le gouvernement soit dignement représenté à l’inauguration de ce nouvel équipement majeur pour la capitale » explique Matignon.