Fusion Universal-EMI : un « big bang », estiment les indépendants
En France et en Europe, les indépendants réagissent à la décision de Bruxelles d’autoriser la fusion Universal-EMI, estimant qu’elle renforce une situation de duopole (après le feu vert à la fusion Sony-EMI pour les activités de publishing), qu’elle va à l’encontre des principes élémentaires de concurrence et que les artistes et les consommateurs vont au final en payer le prix. « Le poids d’Universal est un problème pour l’ensemble du marché, tant numérique que physique, y compris en ce qui concerne l’accès aux médias », souligne l’association européenne des labels indépendants Impala, qui réaffirme son opposition à l’opération. Elle considère que les concessions proposées ne sont pas suffisantes pour abaisser la position dominante d’Universal sur le marché. « Même avec ces cessions, leur capacité à dominer et à contrôler le marché a atteint des niveaux encore plus inacceptables. Toute personne essayant de lancer un nouveau service numérique s’en rendra très bientôt compte » commente Martin Mills, président de Beggars Group. « Il est essentiel que le processus de cession équilibre le marché et maximise les forces concurrentielles au duopole », déclare Helen Smith, présidente exécutive d’Impala, dans un communiqué.
« La Commission européenne a pris le risque considérable de renforcer la concentration du secteur de la musique enregistrée » déplore de son côté l’UPFI. Pour le syndicat des producteurs français indépendants, malgré des engagements significatifs, « la création d’une super major va considérablement affecter la situation du marché du disque sous tous ses aspects ». Les indépendants font valoir : 1°) que leur accès aux artistes sera rendu encore plus difficile « compte-tenu de la capacité de surenchère d’Universal-EMI, via des conditions financières et des engagements en termes de visibilité et de promotion impraticables pour d’autres labels » ; 2°) que le développement et la viabilité des offres de musique en ligne seront potentiellement affectés par sa capacité à fixer les prix et conditions d’accès à ses catalogues et à privilégier la visibilité de l’ensemble de ses artistes ; 3°) que l’accès à la programmation radiophonique (dont les catalogues d’Universal et d’EMI représentent d’ores et déjà 47,9% des diffusions de nouveautés selon le rapport 2011 Yacast/Observatoire de la musique à la radio), sera encore plus difficile pour les labels indépendants, tout comme en télévision « où Universal bénéficie déjà d’une visibilité forte au travers d’émissions comme The Voice au terme de laquelle elle détient l’exploitation exclusive des enregistrements des artistes de cette émission ». Et ce, en tenant compte de la part de marché d’Universal et d’EMI en investissements publicitaires radios et TV qui était de 54,9 % en 2011 (source Yacast).
L’UPFI juge par ailleurs que, dans le domaine du spectacle vivant, l’existence d’un accord de partenariat entre Universal et Live Nation, qui constitue dorénavant un acteur dominant dans ce secteur, est « de nature à préoccuper l’ensemble des producteurs phonographiques et de spectacle vivant ». Le syndicat indique que les producteurs indépendants regroupés autour d’Impala « vont examiner toutes les options qui s’imposent suite à cette décision qui constitue un véritable big bang pour le secteur de la musique ».