Bruxelles avalise la fusion Universal-EMI, sous conditions
Au terme d’une enquête approfondie, la Commission européenne a donné son feu vert, vendredi 21 septembre, à l’acquisition des activités de musique enregistrée d’EMI par Universal, « sous réserve du respect de certaines conditions ». L’opération, d’un montant de 1,5 milliard d’euros, est subordonnée à la cession d’un certain nombre d’actifs d’EMI dans le monde. Parmi ceux-ci, figurent EMI Recordings, qui possède le label emblématique Parlophone (Cold Play, Pink Floyd, Blur, Gorillaz, David Bowie, Kylie Minogue, Queen, Tina Turner…), EMI France, EMI Classics, Virgin Classics, Mute (Dépêche Mode, Moby…), Ensign, Chrysalis (sauf Robbie Williams) et divers autres labels d’un grand nombre d’entités locales de la major britannique.
Universal, qui conservera le catalogue des Beatles, devra par ailleurs vendre 50 % de la participation d’EMI dans la société de compilations Now ! That’s What I Call Music. Un certain nombre de filiales européennes d’EMI ne seront pas conservées, notamment en France, en Belgique, au Danemark, en Espagne, en Norvège, en Pologne, au Portugal, en République tchèque et en Suède. Universal va aussi tailler dans ses propres labels, en vendant Sanctuary, Co-op Music, King Island Roxystars, MPS Records (Oscar Peterson, George Duke), sa participation dans Jazzland ainsi que sa filiale en Grèce. C’est donc un démantèlement qui s’annonce puisque Bruxelles contraint Universal Music à céder 60 % du chiffre d’affaires d’EMI en Europe. La Commission européenne souhaite que deux tiers des actifs cédés soient repris par un seul et même propriétaire – afin de favoriser l’émergence d’une quatrième « mini-major » dans le paysage – et le reste par divers acteurs.
Bruxelles impose aussi les conditions d’une concurrence plus équitable. Universal s’est notamment engagé à ne pas insérer de clauses de la nation la plus favorisée (NPF) en sa faveur dans les contrats renégociés ou nouvellement conclus avec ses clients du secteur numérique dans l’EEE, et ce pendant dix ans. « Ce fut une des plus difficiles négociations que j’ai eue à mener » a commenté Joaquim Alunai, le commissaire européen en charge de la concurrence, en se réjouissant de son « issue positive ». Bruxelles craignait que l’opération, telle qu’envisagée initialement, ne confère à Universal un pouvoir excessif sur le marché. La nouvelle entité devrait voir sa part de marché s’élever au final à 37 % sur le continent. « Les engagements très importants proposés par Universal assureront la préservation de la concurrence dans l’industrie musicale et garantiront que les consommateurs européens continueront d’en jouir » explique le commissaire à la concurrence.
Malgré ces lourdes concessions, la fusion va permettre à Universal de conforter sa place de leader sur le marché mondial et européen, et de réaliser des synergies pour 125 millions d’euros. « Ce mariage va permettre d’augmenter nos investissements pour faire signer de nouveaux artistes. Depuis la crise de 2008, nous n’avons pas diminué notre catalogue quand nos concurrents l’ont divisé par deux ou par trois. Notre avantage est plutôt de vendre plus et de réaliser des économies d’échelle » indique Pascal Nègre, président d’Universal Music France, dans un entretien au JDD.