La Sacem veut combler son déficit d’image et promouvoir son rôle
La Sacem l’avait annoncé au Midem, elle met la transparence au-devant de ses priorités en termes de communication. En témoigne la conférence de presse organisée le 15 mai dernier, un « moment d’explication sur le fonctionnement de la maison, son rôle, ses missions, sa nouvelle gouvernance et ses orientations stratégiques » explique son directeur général Jean-Noël Tronc. Près d’un an après son arrivée, il affiche sa volonté de redorer la perception de la société et de promouvoir son rôle dans la musique.
Car la Sacem souffre d’un déficit d’image par rapport à sa « considérable notoriété », comme le confirme un sondage BVA de juin 2012 réalisé auprès d’un panel représentatif de 1 176 personnes. Parmi les sociétés qui perçoivent et répartissent les droits, la Sacem est en effet la plus connue du grand public – à 92%, devant l’Adami à 13%. « C’est la plus connue mais en même temps la plus mal connue » souligne Jean-Noël Tronc. Au classement des qualificatifs proposés par les sondeurs, les Français déclarant connaître la Sacem la jugent puissante à 74% et utile à 71%, mais ils ne sont que 50% à la qualifier d’honnête, tandis qu’elle est considérée transparente à seulement 27% et moderne à 25%... Il y a donc encore à faire pour dynamiser l’image de la société d’auteurs (vieille de 162 ans) qui est la première historique sur la musique, la deuxième au monde derrière le Japon en termes de sommes collectées et derrière Ascap/BMI en nombre de sociétaires, et celle qui a la plus grande proportion de créateurs étrangers parmi ses sociétaires. « Aucune institution en France ne souffre d’un tel décalage entre la réalité de son contrôle, interne et externe, et la polémique sur son manque de transparence. Il faut que l’on change cette perception. Nous referons cette même étude d’ici 1 ou 2 ans pour voir si les items ont changé ou pas » commente Jean-Noël Tronc.
« À tort ou à raison, il a parfois été reproché à la Sacem de manquer de transparence par le passé » note la société d’auteurs qui soulignant que « l’ensemble des opérations de gestion est vérifié à plusieurs niveaux » et en citant les nombreux contrôles dont elle fait l’objet : contrôles externes annuels du commissaire aux comptes, de la Cour des comptes (commission de contrôle des SPRD), du ministère de la Culture, des commissions des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale et du Sénat ; contrôles internes : assemblée générale, commission des comptes (contrôle hebdomadaire) comité des rémunérations (créé en 2011), direction de l’audit et du contrôle interne (créée en 2013) ; sans oublier les contrôles externes ponctuels de l’Urssaf et de l’administration fiscale. Quant à l’efficacité de la Sacem, son président Laurent Petitgirard souligne que 80% des droits sont répartis en fonction de la réalité de l’exploitation et de la diffusion des œuvres (au programme) alors que « les sociétés anglo-saxonnes sont en général à 50% ».
Les sociétaires et leurs revenus
C’est aussi par transparence que la Sacem a livré des chiffres sur la population de ses sociétaires, le catalogue qu’ils constituent, et leur rémunération. Elle compte 139 600 créateurs et 5 400 éditeurs (soit 145 000 membres au total, auxquels s’ajoutent 17 750 sociétaires étrangers représentant 163 nationalités), accueille plus de 4 000 nouveaux membres par an, ainsi que 150 000 œuvres nouvelles déposées chaque année. A son répertoire, le deuxième à l’export après le répertoire anglo-américain, s’ajoute celui d’Universal Music qu’elle représente. Soit plus de 70 millions d’œuvres du répertoire mondial représentées.
En 2012, la Sacem a réparti des droits à 47 900 auteurs et compositeurs vivants et à 4 000 éditeurs (mais aussi à 130 200 créateurs membres de sociétés étrangères). Mais ils sont statistiquement peu nombreux à vivre de leurs droits d’auteur. Près de 35 800 auteurs et compositeurs ont reçu 60 € et plus en 2012. La très grande majorité (81%) a perçu de 60 € à 1/4 de Smic (environ 280 €), 11% des créateurs ont touché de ¼ à 1 Smic (entre 280 et 1118 €), 5% entre 1 et 3 Smic et 3% ont reçu davantage. Ainsi, 8% des auteurs et compositeurs Sacem vivants ont touché le Smic ou plus l’an dernier, soit 2 782 créateurs. Ils sont 5 à avoir perçu plus d’un million d’euros. « Le cumul des 200 plus gros revenus correspond au seul salaire annuel avant impôts de Zlatan Ibrahimovic » souligne au passage la Sacem. Interrogée sur les droits répartis aux éditeurs, elle indique qu’ils représentent 49% des répartitions (hors les 120 M€ de droits reversés aux sociétés d’auteurs étrangères, qui répartissent à leur tour entre créateurs et éditeurs).
Niveaux de revenus annuels | Population d’auteurs et compositeurs |
De 60 € à ¼ de Smic | 81% |
De ¼ Smic à 1 Smic | 11% |
De 1 à 3 Smic | 5% |
Plus de 3 Smic | 3% |
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir…
Poursuivant son double objectif de pédagogie et de transparence, la Sacem, qui a initié il y a quelques mois le site www.monprojetmusique.com répertoriant les programmes d’aides de la filière musicale, vient de mettre en ligne sur son site une grande foire aux questions (plus de 300… et tout autant de réponses), organisées en plusieurs catégories : « la Sacem, c’est qui, c’est quoi ? », « Créateurs, côté pratique », « Utilisateurs, côté pratique », « L’action culturelle », « Non aux idées reçues » et « La Sacem pour les nuls ». La maison Sacem s’ouvre aussi en organisant pour la première fois une journée portes ouvertes le 21 juin, à l’occasion de la Fête de la Musique, avec notamment des ateliers sur les métiers d’auteur, compositeur et éditeur, animé par ses sociétaires.