Nicolas Sarkozy installe le Conseil pour la création artistique
Le Conseil pour la création artistique, dont le Président de la République avait annoncé le 13 janvier la mise en place prochaine, est né. Le Journal officiel a publié le décret qui l’institue le 31 janvier et c’est à l’Elysée que le nouvel organisme a été officiellement instauré le 2 février, devant 300 représentants du secteur de la culture. Nicolas Sarkozy – qui en assurera la présidence, aux côtés de la ministre de la Culture Christine Albanel qui en sera vice-présidente – en a confié les rênes au producteur de cinéma Marin Karmitz, nommé délégué général.
La mission du Conseil de la création artistique, selon le décret : « éclairer les choix des pouvoirs publics en vue d’assurer le développement et l’excellence de la création artistique française, de promouvoir sa diffusion la plus large, notamment internationale ». Il sera un laboratoire d’idées et devra impulser un « changement de culture pour apprendre à mieux soutenir le processus de création » après « des décennies de mauvaises habitudes », indique le chef de l’Etat, qui veut « vaincre la pensée unique et le sectarisme » et estime qu’il lui revient de « donner un coup de pied dans la fourmilière et bousculer les choses ».
Le Conseil sera « composé de personnalités qualifiées, choisies en raison de leurs compétences, dans les différents domaines de la création artistique et de sa diffusion ». Il comprend dès à présent 12 membres – parmi lesquels Laurent Bayle (DG de la Cité de la Musique), Jacques Blanc (directeur du Quartz, Scène nationale de Brest), Hervé Chabalier (journaliste-producteur, PDG de l’agence Capa), Vincent Frèrebeau (fondateur du label Tôt ou Tard), Dominique Hervieu (directrice du Théâtre national de Chaillot), Emmanuel Hoog (PDG de l’Ina) et Laurent Le Bon (directeur du projet Centre Pompidou-Metz) – et sera complété au printemps ou à l’été.
Si l’organisme n’a « aucune mission de distribution ou de révision des aides » de l’Etat au secteur culturel, a assuré Marin Karmitz, cette question fut pourtant largement abordée par Nicolas Sarkozy lors de son discours d’installation du Conseil. « Le renouveau de la création est une question très délicate. Comment aider sans aliéner, sans instrumentaliser ? Comment choisir et évaluer les artistes sans partialité, sans arrière-pensée oserais-je dire, sans arbitraire ? Comment aider sans gâter le talent ? Ces débats encombrent de longues dates les colloques et les étages du ministère de la Culture, qui est d’ailleurs inépuisable en linéaires d’étagères pour entasser les rapports… Moi, ce n’est pas d’un rapport dont j’ai besoin, c’est d’action, de décisions, de faits, d’objectifs et même de résultats » a notamment déclaré le Président de la République. Et de conclure : « Je veux que ça bouge, je veux que ça change, je veux que la culture soit notre réponse à la crise économique mondiale (…) et pour que ce soit vrai, il faut que la création soit au cœur de cette politique culturelle que je souhaite impulser ».
Le Conseil, qui a tenu sa première réunion le 9 février, va s’atteler à un bilan dans tous les secteurs de la création, a indiqué Marin Karmitz, qui compte faire des premières propositions dans deux mois. Il souhaite une structure souple et peu coûteuse (indépendante du budget du ministère de la Culture, précise-t-il), qui mène des projets pilote dans différents territoires. A la demande du chef de l’Etat, l’organisme devra aussi réfléchir à l’évolution des maisons de la culture pour en adapter le principe, né dans les années 60, au XXIe siècle.