Un recul inquiétant de la musique sur les chaînes de télé hertziennes
Musique à la télévision : l’air sans la chanson ? C’est ce que déplore la Sacem qui, se basant sur les conclusions d’une étude comparative qu’elle a mené sur les diffusions des chaînes hertziennes entre 1998 et 2008, pointe la visibilité de plus en plus réduite sur les écrans pour les créateurs et les artistes.
La diffusion globale de musique à la télévision (tous répertoires confondus, inclus les synchronisations de films et publicité, l’habillage musical des émissions) reste stable, avec 1,117 million de minutes brutes en 2008 contre 1,107 million en 2000. « Le nombre d’heures a légèrement augmenté mais avec un taux identique, ce qui impacte négativement la part revenant aux ayants droits » explique Bernard Miyet, président du directoire. En ce qui concerne la diffusion de chansons françaises et étrangères (définie comme « variété instrumentale ou chantée avec présence visuelle de l’interprète »), elle affiche une baisse de 32 % entre 2000 et 2008. Ce recul est encore plus important sur le prime-time (plus rémunérateur en termes de droits), avec 50 % de temps d’antenne en moins sur la même période, et sur le répertoire local.
Vers une « ghettoïsation » de la diffusion de musique à la télévision
La société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique s’inquiète d’une « ghettoïsation », constatant que la diffusion de programmes purement musicaux ou d’émissions faisant place à des prestations d’artistes se concentre de plus en plus sur les chaînes du câble et de la TNT (Virgin 17, W9…) qui, touchant un public moins large, ont un effet prescripteur marginal. « Au manque de visibilité, s’ajoutent des niveaux de rémunération très faibles sur ces chaînes, qui pénalisent fortement les créateurs ». La Sacem déplore enfin l’absence d’obligations de diffusion et d’investissement dans les œuvres musicales. La plupart des émissions consacrées à la musique (ou à l’humour) sont des émissions de plateau, tournées en studio. Expressément exclues, à ce titre, de la définition d’œuvres dites patrimoniales, « elles ne bénéficient d’aucun soutien financier ni d’une diffusion aux heures de grande écoute ».
La filière musicale en appelle aux pouvoirs publics. Une réunion s’est tenue à la DDM le 17 décembre pour faire le point avec les représentants des auteurs, artistes, éditeurs, managers, producteurs, le CSA et la DMDTS et « de nouveaux contacts sont prévus en ce début d’année pour aller plus loin » indique Bernard Miyet. La Sacem prépare une série de propositions – notamment la mise en place d’obligations de diffusion et d’investissement dans les œuvres musicales – qu’elle rendra publiques d’ici la fin du premier trimestre 2010, avec une annonce préalable. Ses revendications seront d’ordre parlementaire, législatif ou contractuel (cahier des charges) pour une meilleure exposition télévisuelle de la musique.