Radios : la filière musicale en appelle au ministre de la Culture
La défaite de la musique à la radio…, c’est sous ce titre que l’association Tous Pour La Musique, qui rassemble l’ensemble des acteurs de la musique, en appelle – dans un communiqué – au ministre de la Culture pour que la loi sur les quotas « ne soit plus dévoyée ». TPLM s’alarme de la concentration de l’airplay sur les radios musicales (en 2010, 90 % des diffusions de nouveautés francophones ont été concentrées sur 15 titres, moins de 2% des nouveautés francophones ont fait l’objet d’une diffusion significative) et sur la « ghettoïsation » des nouveautés et des titres francophones, dont la diffusion est le plus souvent reléguée le week-end à des heures d’écoute peu significatives, entre 6h et 8h30, tranche horaire où la présence de la musique est de 75 % le week-end contre 44 % en semaine.
La querelle, si elle est loin d’être nouvelle, s’enfle entre filière musicale et radios. La première reproche aux secondes de favoriser les titres anglo-saxons au détriment du répertoire francophone et ne pas respecter les quotas de diffusion imposés en 1994 (40 % minimum de chansons d’expression française aux heures d’écoute significatives, dont la moitié au moins de nouveaux talents). De leur côté, les radios – qui subissent la concurrence d’Internet et de l’écoute en streaming – revendiquent leur liberté de programmation et accusent les maisons de disques de délaisser les artistes francophones et de ne pas signer assez de nouveaux talents. En 2010, les producteurs ont envoyé aux radios 2 180 nouveautés, dont 713 productions francophones (faible proportion…), soit 34 % de plus qu’en 2009, indique TPLM.
Les radios ne sont plus le principal vecteur de découverte
« Dans leur grande majorité, les radios ne sont plus le principal vecteur de découverte qu’elles ont été pendant longtemps (…). Or, c’est précisément parce que les auteurs, les artistes et les producteurs souffrent des effets de la crise que traverse notre secteur qu’ils ont, plus que jamais besoin, du soutien des médias » explique TPLM. Constatant que, de la concertation avec les radios menée ces derniers mois dans le cadre du groupe d’étude « Musique » du CSA, « rien de concret n’est sorti à ce jour », les professionnels de la musique en appellent aujourd’hui au ministre de la Culture.
Ils demandent à Frédéric Mitterrand – qui déclarait lors du dernier Midem que « la question de l’exposition des répertoires dans toute leur diversité, et à des horaires d’écoutes significatifs, requiert aujourd’hui une grande vigilance – que l’esprit de la loi sur les quotas ne soit plus dévoyé et que les radios soient incitées à plus de diversité dans leur programmation musicale. « Il s’agit d’un enjeu culturel majeur qui dépasse largement des considérations économiques. N’oublions pas que les radios privées occupent un espace public, la bande FM, et qu’un minimum de régulation se justifie parfaitement à cet égard » souligne Tous Pour La Musique, en assurant que « la filière musicale ne souhaite en aucun cas la mise sous tutelle des radios musicales » mais qu’elle en appelle à leur responsabilité pour préserver la diversité.