Printemps de Bourges : le succès d’une programmation audacieuse
Pour sa 34ème édition qui se tenait du 13 au 18 avril, le Printemps de Bourges a fait le plein. Les 40 spectacles proposés sur huit lieux ont totalisé 67 600 entrées dont 59 400 payantes, 8 200 invitations et 780 forfaits professionnels. « 100 % des places ont été vendues comme l’année dernière », indiquait Daniel Colling, directeur du festival, lors de la conférence de presse de bilan du samedi. Tous les spectacles des grandes salles ont effectivement affiché complet, hormis le concert de clôture du dimanche, avec Anakil, Tété et Diam’s, pour lequel 4 300 places avaient été vendues sur les 6 800 disponibles du chapiteau. « L’équipe* est doublement satisfaite de la réponse du public dans la mesure où, cette année, nous avons proposé une programmation plus ambitieuse dans la composition » a souligné Daniel Colling. « A part quelques rares artistes connus, l’essentiel du programme était constitué de plateaux, d’assemblages d’artistes. On a moins joué sur une politique de vedettariat ».
La création « Les Françoises » – groupe éphémère spécialement constitué pour l’occasion qui réunissait Camille, Jeanne Cherhal, Emily Loizeau, La Grande Sophie, Olivia Ruiz et Rosemary (du groupe Moriarty), soit six des artistes féminines les plus en vues de la scène hexagonale – a constitué l’événement du Printemps 2010, applaudi tant par le public que par la critique. « Sa réussite tient au fait que nous avons discuté directement avec les artistes, en court-circuitant les environnements professionnels » explique Daniel Colling dans la presse. « Le projet est l’essence même de ce qu’elles sont, sans arrière-pensées financières, de disque à produire. Le concert n’a existé que parce qu’elles ont mouillé leur chemise et mis leur ego dans leur poche. Nous sommes allés contre le cloisonnement, la règle dans ce métier tenu par les jeux de contrats. Pour nous, c’est une victoire ». Hocus Pocus, Les Cowboys Fringants, Foals, Caravan Palace et les groupes sud-africains programmés cette année ont aussi marqué cette édition, couverte par 600 journalistes et qui a suscité une fréquentation globale à Bourges de 240 000 personnes.
« On n’est pas sûr qu’on ne va pas perdre un peu d’argent, mais c’est négligeable par rapport au fait que la subvention du département a baissé de 50 000 euros » (sur un budget total de 6,2 millions) déclare Daniel Colling. « Le Printemps de Bourges ne ressent pas l’effet de crise qui traverse la société et certains secteurs de la musique et du spectacle vivant. Il est, parmi tous les festivals musicaux, celui dont la répercussion nationale est la plus importante. Sa légitimité tient à son expérience et à sa programmation » insiste-t-il. « Contrairement aux gros festivals d’été, nous ne recherchons pas les têtes d’affiches mondialement connues (Iggy Pop était la seule star internationale de cette édition - NDLR). Nous nous tenons à notre rôle : souligner les émergences. Cela nous confère une responsabilité particulière et nous oblige à prendre des risques. Cette année encore, le Printemps n’est pas seulement « dans le coup ». Il est en avance. 2010 est un bon cru » se félicite le directeur du Printemps, en annonçant la 35ème édition du festival du 20 au 25 avril 2011.
(*) La programmation du Printemps de Bourges est concoctée par Christophe Davy (Radical Production), Jean-Michel Dupas (L’Olympic à Nantes), Thierry Langlois (Uni.T Production) et Sonia Bester (Madame Lune).