Musique sur France Télévisions : suppressions et nouvelle offre…
Après « Chabada », France Télévision a confirmé le 31 mai la suppression de « Taratata », toujours pour des raisons d’économies budgétaires. Alors que la filière musicale dénonce depuis des mois le peu de place consacrée à la musique sur le petit écran, l’information a suscité un concert d’indignation et une pétition de soutien (« Contre l’arrêt de Taratata ») lancée à l’initiative d’un fan a rassemblé en quelques jours plus de 100 000 signatures.
D’autres ne s’offusquent pas de la disparition de l’émission de Nagui. Comme Michel Kemper, qui regrette que Taratata ne soit plus ce qu’il était (« une émission phare pour une variété française de qualité », « devenue une luxueuse vitrine de la chanson internationale que l’on sait, complètement dévoyée de son projet d’origine »). Ou comme Bertrand Burgalat (patron de Tricatel) : « Au lieu de dépenser des sommes folles dans la production d’émissions alibis qui invitent des artistes attendus, les chaînes devraient baisser leurs coûts de production. Cela leur permettrait de renouveler leur créativité et développer des idées, d’imaginer de nouveaux formats et de mettre à l’honneur des artistes hors-promo qui n’étaient pas forcément représentés jusqu’ici » a commenté à Télérama le producteur de disques mais aussi télévisuel, qui considère que « les contraintes budgétaires peuvent être extrêmement stimulantes » et qu’il faut « rompre avec la façon de filmer la musique ».
La décision d’arrêter « Taratata » n’a rien d’anormal « au vu de son coût et de son histoire », considère le président de France Télévisions, Rémy Pflimlin. « Il se trouve que cette émission a été créée il y a 20 ans, qu’elle a été arrêtée une première fois après 5 ans, que je l’ai remise à l’antenne après 7 ans d’interruption » a-t-il rappelé. « Il nous faut innover et concentrer nos moyens pour faire mieux avec moins », résume Rémy Pflimlin.
Quelques jours plus tard, on apprenait également la suppression de « CD’Aujourd’hui », le programme court multi diffusé quotidiennement sur France 2 et France 4. « Depuis 2001, nous avons reçu 2 400 artistes. La mécanique de CD’Aujourd’hui est de faire émerger de nouveaux talents musicaux. Zazie ou Bénabar se sont fait connaître ainsi. J’espère seulement que les artistes continueront à bénéficier d’une telle vitrine sur le service public » a déclaré son producteur Jacques Clément (Acte 4). France 2 arrête aussi « L'hebdo musique mag ! » présenté par Patrice Boisfer (qui a succédé à Thomas VDB en janvier dernier) diffusé chaque samedi à 10h50…
Rémy Pflimlin assurait que la musique ne restera pas absente des programmes, France 2 annonce une offre renouvelée à la rentrée, avec un projet surprenant (confié à Angora et Grand Angle Production) autour d’une marque unique, baptisée Alcaline (en référence à une chanson de Bashung), déclinée en plusieurs rendez-vous, un lieu unique pour accueillir les artistes et le public, mais… sans présentateur.
Ce sera « Le Mag », diffusé trois fois par mois le jeudi à 23h15 dès la fin septembre. « En 50 mn, l’émission fera le tour de l’actualité musicale. Des artistes parleront d’eux et chanteront. Nous irons chez certains. Il y aura une voix off » dévoile Philippe Vilamitjana, directeur de l’antenne et des programmes de la chaine. Ce sera aussi « Alcaline, le court » (deux fois par jour, pour revenir sur l’actualité musicale en 2 mn), « Alcaline, le concert » (un live mensuel de 80 mn au cours duquel un artiste accueillera deux invités issus de son univers et un jeune talent) et une déclinaison « Evénement » (un concert exceptionnel une ou deux fois dans l’année). Sans oublier une présence d’Alcaline sur le web (réseaux sociaux, site, chaîne dédiée sur YouTube et Dailymotion).
Les restrictions budgétaires ne concernent pas que France Télévisions mais aussi la radio de service public. France Inter a annoncé la « non-reconduction » des émissions de Serge le Vaillant (Sous les étoiles exactement) et de Laurent Lavige (Black liste) à la rentrée.