Musique en ligne : l’Adami veut un meilleur partage de la valeur
La répartition de rémunération entre producteurs et artistes sur les ventes numériques est inégale, selon l’Adami qui a présenté, lors du Midem, une étude sur ce que gagne la majorité des artistes interprètes. Alors que la question du transfert de valeur était le grand sujet du moment, l’Adami estime que si un rééquilibrage est nécessaire entre intermédiaires techniques producteurs de contenus, il l’est tout autant entre les producteurs et les artistes, en ce qui concerne les revenus du numérique.
L’étude – basée sur un audit (662 contrats phonographiques étudiés) – révèle que, pour le téléchargement d’un titre sur iTunes, par exemple, un taux de royalty affiché de 10 % s’avèrera au réel de 4,7%. Ainsi sur 1,29 € d’achat, l’artiste percevra 0,04 €. Soit un rapport de 1 à 19 entre ce que perçoit l’artiste et ce que perçoit le producteur*. Pour les ventes physiques, ce rapport est de 1 à 14. Pour le streaming, un stream gratuit (financé par la publicité) rapporte à l’artiste 0,0001 €, un stream bundle 0,002 € et un stream premium 0,004 €. Le rapport entre l’artiste et le producteur est de 1 à 18. L’Adami pointe au passage l’opacité sur l’assiette de rémunération et les conditions contractuelles entre plateformes et producteurs.
Taux moyen de royalties | Taux affiché | Taux réel physique |
| Taux réel téléchargement | Taux réel streaming | |||||
1ère tranche | 8% | 6,4% album 5,1% single | 5,1% album 4,1% titre | 4,1% stream | ||||||
2ème tranche | 10% | 8,1% album 6,4% single | 6,4% album 5,1% titre | 5,1% stream | ||||||
3ème tranche
| 12% | 9,7% album 7,7% single | 7,7% album 6,1% titre | 6,1% stream | ||||||
(*) Il convient de rappeler que ce que perçoit l’artiste s’entend comme le revenu qui lui est effectivement versé, alors que les revenus du producteur s’entendent comme chiffre d’affaires et non pas bénéfices, puisqu’il a en charge les divers coûts du disque : enregistrement, fabrication, droits SDRM, marketing et promotion (NDLR).
Enfin en comparant les usages, l’étude souligne que les artistes perçoivent autant que les producteurs dans le partage des droits voisins alors qu’ils ne bénéficient que de 5% des revenus du streaming et des webradios. Occasion de réaffirmer l’intérêt de la gestion collective pour les revenus du numérique, afin d’assurer une juste répartition de la valeur, le développement de l’offre légale et garantir les micro-paiements. L’Adami y voit « un modèle d’avenir », mettant en avant la progression de la gestion collective (copie privée et rémunération équitable) passée de 159 M€ en 2005 à 216 M€ en 2011, alors que dans le même temps le marché de la musique enregistrée chutait de 965 à 523 M€.
L’Adami compare in fine la rémunération du numérique pour les artistes dans la situation actuelle, et ce qu’ils représenteraient dans le cadre d’une gestion collective. Elle espère que les conclusions de son étude seront prises en compte dans les préconisations que la mission Lescure doit remettre au Gouvernement fin mars.
Comparatif des rémunérations | Situation actuelle | Gestion collective | ||
Streaming | 3,57 € | 13,62 € | ||
Webradios semi interactives | 0,78 € | 8,17 € | ||
Webradios | 0,5 € | 1,95 € | ||
Pour 100 € de CA d’une plateforme de streaming et un taux de redevance artiste affiché de 10%.