Les priorités du Snep pour 2014
Garantir une protection des droits de propriété intellectuelle sur Internet, améliorer l’exposition des artistes francophones à la radio et à la télévision, garantir les moyens de continuer à produire localement. Tels sont les trois enjeux que s’est fixé le Snep pour 2014, comme il l’a expliqué lors d’un déjeuner de presse à Paris le 29 janvier et de sa conférence de presse le 3 février au Midem.
Concernant le premier, le syndicat déplore le silence politique, l’absence de messages du gouvernement contre la contrefaçon et les échanges illicites. Inquiet des préconisations du rapport Lescure, il craint un démantèlement de l’Hadopi et attend du ministère de la Culture des garanties sur le maintien de la réponse graduée, notamment dans le projet de loi sur la création. « C’est un préalable » estime Guillaume Leblanc, directeur général du Snep, en mettant en avant la baisse de 30% des échanges P2P depuis 3 ans et le basculement des usages vers l’offre légale (avec 16 millions de visites mensuelles supplémentaires sur la même période) selon une étude IFPI/Nielsen. Les producteurs souhaitent par ailleurs que se poursuive le déréférencement des sites de partage illicite (100 millions de notifications envoyées à Google).
Améliorer l’exposition des artistes francophone dans les médias traditionnels (radio et TV) reste une priorité pour le Snep et pour la filière musicale, qui dénoncent la concentration des titres diffusés à la radio, principal vecteur de découverte pour 76% des Français selon un sondage Ifop de janvier. Ils sont d’ailleurs 72% à percevoir cette concentration et 61% à déclarer leur insatisfaction. Et pour cause : sur les 4 réseaux jeunes (Fun, NRJ, Skyrock et Virgin Radio), 10 titres francophones concentrent 65% des diffusions et permettent aux radios de respecter leurs quotas. Une situation que déplore Pascal Nègre, président d’Universal Music France : « C’est terrifiant. Il s’agit d’un enjeu fondamental : pouvoir exposer plus d’artistes et leur permettre de se développer. Laissez-leur un peu d’espace ! ».
Sur l’ensemble des 35 radios du panel Yacast, sur 16 000 titres produits en France et chantés en français, 1 000 sont envoyés aux radios qui n’en diffusent que 50, lesquels réalisent la moitié des 50% des diffusions de nouveautés francophones. « C’est inacceptable pour nous et pour les 43 millions d’auditeurs quotidiens de la radio » considère Guillaume Leblanc, qui estime que le CSA, dans son récent rapport sur la question, a manqué sa cible et n’apporte pas de réponse sur la concentration des diffusions. La situation n’est pas reluisante en télévision. Pour 61% des Français, il n’y a pas suffisamment d’émissions musicales en soirée (l’offre en prime-time a chuté de 66%...) et pour 86%, on y voit toujours les mêmes artistes. Concernant France Télévision, tout en notant des changements positifs, le Snep se dit « en droit d’attendre nettement plus de la part du service public » et entend y porter une vigilance accrue.
Enfin, garantir les moyens de continuer à produire localement est le troisième enjeu du Snep, qui indique que le nombre de nouvelles signatures d’artistes francophones est revenu à son niveau de 2007 (une centaine dans l’année). Le syndicat veut « sortir du faux débat sur le partage de la valeur au sein de la filière musicale » qui se focalise sur les producteurs. Il estime que la mission Phéline a rendu un rapport à charge, imprécis, instrumentalisé et politique, qui « masque les difficultés des pouvoirs publics à trouver les solutions ». Le Snep rappelle que « dans 9 cas sur 10, un album est déficitaire » et qu’il devient de plus en plus difficile de produire localement, tout en éludant les reproches d’opacité concernant les contrats d’artistes et les clauses d’abattement.