Le monde du jazz appelle à l'organisation d'états généraux
Le monde du jazz se mobilise et appelle à l’organisation d’états généraux, à l’initiative de Laurent Coq. Après avoir ouvert le débat au printemps, notamment via son blog http:/revolution-de-jazzmin/blogspot.com (pour énoncer « des vérités qui dessinent un portrait plus juste d’une musique qui résiste encore dans un contexte de plus en plus tendu »), le pianiste français a lancé une pétition publiée dans Libération le 27 juillet. « Aujourd’hui, cette musique traverse une crise profonde » explique-t-il, en rappelant la place du jazz en France, qui en a toujours été une terre d’accueil privilégiée, et en pointant la dégradation de l’environnement professionnel : les droits sociaux ont fondu, « marginalisant des centaines d’artistes depuis les directives de 2008 », les producteurs – « du moins ceux qui n’ont pas mis la clef sous la porte – ne parviennent plus à vendre des disques, les salles et les festivals sont soumis à des contraintes budgétaires « toujours plus insurmontables », la presse spécialisée va mal…
Pour Laurent Coq, « le jazz perd chaque année en visibilité, englobé qu’il est dans les « musiques actuelles » dont il est la grande oubliée ». Il juge cette situation « d’autant plus inacceptable que le jazz n’a jamais été aussi riche et foisonnant » et estime impératif de soutenir l’ensemble de cette filière. D’où la pétition, qui a déjà rassemblé plus de 1 200 signatures (Pascal Anquetil, Lionel Belmondo, Michel Portal, Jacques Delors, Baptiste Trotignon, l’Union des Musiciens de Jazz, Louis Winsberg, Ann Ballester, Daniel Sabbagh, Alex Dutilh, Benoît Widemann, China Moses…). Les signataires – un collectif informel de musiciens, journalistes et acteurs du jazz en France – demandent solennellement au ministre de la Culture d’organiser la tenue d’états généraux du jazz « afin de redéfinir ensemble, avec tous les acteurs de cette filière, les politiques que nous voulons voir mises en œuvre pour assurer la survie d’un secteur musical qui fait partie intégrante de notre paysage culturel, mais qui risque fort de s’appauvrir jusqu’à disparaître si rien n’est fait en sa faveur ».
Un message visiblement reçu par Frédéric Mitterrand qui a aussitôt fait savoir qu’il rencontrera les représentants du monde du jazz à la rentrée « pour écouter leurs réflexions ». Il a souligné dans un communiqué que son ministère « est très attentif à la bonne exposition du jazz sur le service public audiovisuel, ainsi qu’en matière de défense des industries musicales » et mis en avant son soutien à la diffusion du jazz via les scènes de musiques actuelles et l’accompagnement de nombreuses manifestations qui lui sont consacrées. Par ailleurs, France Musique a consacré une émission en direct à ce sujet le 1er août (Déjeuner sur l’herbe), pendant laquelle Laurent Coq, Laurent de Wilde et Pascal Anquetil ont débattu pendant 45 mn de la situation actuelle du jazz en France et de l’appel à des Etats généraux.