Le ministère de la Culture relance la Carte musique
Le ministère de la Culture relance la Carte musique après un premier flop constaté, en misant sur un accès facilité (site repensé, ergonomie plus pratique) et en promettant une disponibilité prochaine en téléphonie mobile et en version physique, ainsi qu’une vaste campagne de communication.
Présentée comme un remède au téléchargement illégal et destinée à inciter les 12-25 ans à se tourner vers l’offre légale, l’initiative – qui était l’une des principales recommandations du rapport Zelnik – n’a pas eu à ce jour l’effet escompté. Les chiffres font d’ailleurs polémique. Mise en place en octobre dernier à grand renfort de communication et dotée d’un budget de 25 millions d’euros, la Carte musique prépayée (vendue 10 ou 25 euros pour le double de valeur faciale) n’aurait séduit que 100 000 personnes à ce jour, le ministère de la Culture concédant le chiffre de 50 000 en début d’année, alors que le dispositif est prévu pour 1 million de cartes vendues par an… D’autres font état de 25 000 cartes activées (et non nécessairement vendues ou dépensées sur les plateformes). Un échec pour les producteurs phonographiques, que Stéphane Bourdoiseau, président de l’Upfi, attribuait lors du Midem, aux difficultés d’ouverture de compte pour obtenir la carte, à son absence de disponibilité sur la téléphonie mobile et surtout au fait qu’elle n’était pas proposée sous forme physique, ce qui est du plus mauvais effet en période de ventes de fin d’année, traditionnellement très fortes pour les ventes de disques (« On a raté l’effet cadeaux de Noël ! »).
L’Upfi, qui ne remet pas en cause son principe incitateur, se déclarait toutefois confiante dans la capacité du mécanisme à toucher sa cible (les 12-25 ans) sous réserve d’une amélioration notable du « parcours client » suivi d’une vaste campagne de communication, afin de rendre le dispositif réellement attractif pour les consommateurs. « La Carte musique est un produit d’avenir en dessous de nos espérances » avait reconnu Frédéric Mitterrand, lors de sa visite au Midem, en annonçant qu’il fallait l’adapter et en réétudier l’accès, et lancer une nouvelle campagne de communication, avec notamment des actions dans les établissements scolaires. Reconnaissant qu’«éduquer, ça prend du temps », le ministre promettait de procéder à des ajustements.
La rue de Valois a annoncé dans un communiqué en date du 18 mai que le site www.carte-musique.gouv.fr (pas sûr d’ailleurs que « .gouv » dans l’adresse soit du meilleur effet incitateur pour les jeunes…) évoluait, avec une nouvelle ergonomie plus efficace et pratique. L'utilisateur obtient maintenant sa carte musique en 3 clics : il se connecte sur le site et choisit son offre, il remplit le formulaire d'inscription et le valide, le ou les codes correspondant à ses offres s'affichent. Il suffit alors de se rendre sur les plateformes de téléchargement choisies* pour activer ses codes et effectuer son paiement. Une version mobile du site sera mise en place dans les prochaines semaines, annonce le ministère.
Une Carte musique physique devrait aussi être diffusée dans les points de vente de disque traditionnels. Mais on n’y est pas encore. « La carte musique ne s’achète pas, c’est un code promotionnel proposé par l’État pour obtenir deux fois plus de musique sur les services de musique en ligne partenaires de l’opération », précise le site. Enfin, selon le Snep, le gouvernement a promis une vaste campagne de communication dans les grands médias pour lancer la nouvelle formule. Cette Carte musique 2.0 sera fonctionnelle à l’automne, et non pas pour la Fête de la Musique le 21 juin, comme l’avait espéré le ministère.
(*) Sont partenaires de l’opération : Amazon, CD1D, Deezer, Disquaire Online, eCompil, Fnac.com, iTunes, Musicovery.com, musicMe, MyClubbing Store, MySurround, Orange, Qobuzz, Starzik et Virgin Mega.