Le marché mondial de la musique enregistrée se redresse
Le marché global de la musique enregistrée a légèrement augmenté en 2012, avec un chiffre d’affaires de 16,5 milliards de dollars (12,6 milliards d’euros), selon les estimations de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI). Soit une toute petite hausse de 0,3% mais la première enregistrée depuis… 1999 - et qui conforte l’amélioration déjà observée en 2011. Au moins, 8 des 20 principaux marchés mondiaux présenteront un résultat positif pour 2012 : Canada, Australie, Brésil, Mexique, Inde, Japon, Norvège, Suède.
Les revenus du numérique – à 70% générés par le téléchargement – sont en progression de 9% à 5,6 millions de dollars. Ils représentent aujourd’hui plus d’un tiers (34%) des revenus des maisons de disques. Les ventes mondiales de téléchargements ont augmenté de 12 % pour atteindre 4,3 milliards d’unités au total. La hausse est encore plus sensible sur les seuls téléchargements d’albums, avec 17% de mieux à 207 millions d’unités. Dans le même temps, les services d’abonnement ont progressé de 44 % par rapport à 2011 et comptent aujourd’hui 20 millions d’abonnés payants dans le monde.
Pour un nombre croissant de territoires, le digital est même devenu la source de revenus la plus importante (notamment en Inde, Norvège, Suède et aux Etats-Unis). Et les distributeurs numériques poursuivent leur rapide progression à l’échelle mondiale. Ils sont plus de 500 aujourd’hui à travers le monde, mettant à la disposition du public plus de 30 millions de titres. Les principaux acteurs internationaux, qui étaient présents dans 23 pays début 2011, ont, deux ans plus tard, développé leurs activités sur plus de 100 territoires. « Cette extension des services de distribution digitale ouvre de nouveaux marchés, permettant aux maisons de disques d’atteindre des consommateurs auxquels elles n’avaient jusqu’alors peu ou pas d’accès, compte tenu du manque d’infrastructures de distribution classique », note l’IFPI.
La musique, moteur du monde digital
A l’appui de ces tendances encourageantes, la fédération publie les résultats d’une étude Ipsos MediaCT menée en novembre dernier sur 9 territoires représentatifs de 80% du marché de la musique (Etats-Unis, Brésil, Mexique, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Japon, Suède, Corée du Sud). Il en ressort que 62% des internautes de 16-64 ans interrogés (taux qui monte à 81% chez les 16-24 ans) ont utilisé un service légal de musique numérique au cours des six derniers mois, avec un taux de satisfaction élevé malgré la « concurrence déloyale » des offres illicites : 77% des utilisateurs de services légaux les déclarent « excellents », « très bons » ou « plutôt bons ». Et parmi les utilisateurs de sites pirates, ils sont 57% à considérer qu’il existe des services légaux de bonne qualité pour accéder à la musique en ligne.
Les critères clés d’appréciation des services par les consommateurs : la sécurité et la facilité des paiements, la garantie que le service est légal, la confiance dans la marque ou la société. Les utilisateurs des services d’abonnement mettent en avant l’intérêt qu’ils y trouvent à découvrir des nouveautés musicales et l’opportunité qui leur est donnée d’écouter de la musique sans être contraints d’acheter de titres. Taux de notoriété des services légaux : YouTube 90%, iTunes 70% (84% aux Etats-Unis), Amazon MP3 68%, Spotify 56% (96% en Suède), Vivo 32%, Deezer 31% (75% en France). « La musique est un moteur du monde digital » assure l’IFPI, en soulignant que sur les 10 vidéos les plus regardées sur YouTube, 9 sont des vidéos musicales ; que 9 des 10 personnes les plus aimées sur Facebook, de même que 7 des 10 personnes les plus suivies sur Twitter, sont des artistes.
Un pas vers le redressement ?
Téléchargements à l’acte, abonnements, streaming de vidéos, webradios, droits voisins (6% des revenus, en progression de 9,3% l’an dernier), droits de synchronisation… Les sources de revenus se multiplient et sont toutes en croissance à l’échelle mondiale. « Avec le développement de la qualité des services existants et l’amélioration de l’expérience client, les offres numériques attirent un nombre croissant de nouveaux consommateurs vers la musique enregistrée. La multiplication des nouveaux services connectés donnent aux utilisateurs des possibilités infinies. ».
Après dix ans de crise, le marché de la musique enregistrée est-il reparti ? Restons prudents. Un (petit) pas vers le redressement, certes, mais pas encore de quoi crier victoire. D’autant que les résultats globaux ne reflètent pas les situations de nombreux pays toujours en recul. Seuls 8 pays du top 20 tirent leur épingle du jeu, les autres étant toujours dans le rouge. Prudence donc sur ce début apparent d’embellie. Quoi qu’il en soit, il entérine – s’il était encore besoin - la bascule vers le numérique (les supports physiques ne comptaient plus que pour 58% du chiffre d’affaires de la musique l’an dernier, contre 61 % en 2011). Mais sa portée n’en est pas moins symbolique et ne manquera pas de redonner optimisme et perspectives aux acteurs de l’industrie musicale. Il était temps…
«Il est difficile, pour l'industrie du disque, de se souvenir d'une année qui a commencé avec un tel buzz palpable dans l'air. Ce sont des succès durement acquis pour une industrie qui a innové, lutté et s'est transformée pendant plus d'une décennie. Ils montrent comment l'industrie de la musique s'est adaptée au monde Internet, a appris à répondre aux besoins des consommateurs et à monétiser le marché numérique », déclare Frances Moore, directrice générale de l'IFPI, dans un communiqué.