Le marché du disque affiche des signes de reprise
Le marché de la musique enregistrée affiche une légère évolution sur les six premiers mois de l’année, avec 239,3 millions d’euros (valeur prix de gros HT, nette de remises et retours), soit 4.1% de mieux qu’au premier semestre 2009, a annoncé le Syndicat national de l’édition phonographique lors d’une conférence de presse le 8 septembre. Une progression due aux vidéos musicales – dont les ventes se sont redressées de 42 % avec le succès d’enregistrements d’importantes tournées (Les Enfoirés, Mylène Farmer, U2, Cléopâtre, Johnny Hallyday) – et au numérique, en hausse de 12 %. On notera que les ventes physiques, qui comptent encore pour 82 % du marché de la musique enregistrée, sont en progression de 2,5 %. En termes de répertoires, le classique est en léger recul (-3%) et la variété internationale perd 5 % tandis que la variété francophone enregistre 8 % de mieux qu’au premier semestre 2009.
Ventes en millions d’euros 1er semestre 2009 1er semestre 2010 Evolution
Albums | 180.5 | 180.4 | - 0.1% |
Ventes physiques | 173.3 | 169.8 | - 2% |
Ventes en téléchargements | 7.2 | 10.6 | + 47.2% |
Singles / Titres | 12.6 | 15.8 | + 25.4% |
Ventes physiques | 2.6 | 2.5 | - 3.8% |
Ventes en téléchargement | 10 | 13.3 | + 33% |
Vidéos musicales | 17.2 | 24.5 | + 42.4% |
Ventes physiques | 15.6 | 23.9 | + 53.2% |
Ventes en téléchargement | 1.6 | 0.6 | - 62.5% |
Revenus des abonnements et du streaming | 9.9 | 11.5 | + 16.2% |
Sonneries téléphoniques | 3.3 | 3 | - 9.1% |
Autres | 6.4 | 4.1 | - 35.9% |
Ventes physiques (supports-livres) | 0.1 | 0.2 | + 100% |
Ventes en téléchargement (produits dérivés) | 6.3 | 3.9 | - 38.1% |
Total marché de la musique enregistrée | 229.9 | 239.3 | + 4.1% |
Dont marché physique | 191.6 | 196.4 | + 2.5% |
Dont marché numérique | 38.3 | 42.9 | + 12% |
« Nous avons toujours un tassement des ventes d’albums physiques mais une nette progression des téléchargements d’albums, ce qui est une bonne nouvelle. Nous sommes à l’aube d’un cercle vertueux sur le numérique » commente David El Sayegh. Malgré des signes encourageants, le directeur général du Snep veut toutefois rester prudent (« c’est encore loin de compenser ») et s’attend à un troisième trimestre en recul (après l’effet Michael Jackson de l’an dernier). « Notre objectif, c’est d’arriver un marché numérique qui pèse réellement. De l’ordre (soyons fous !) de 90 millions d’euros ».
Effets attendus
Le syndicat compte, d’une part, sur l’impact de la carte jeunes dont le lancement – plusieurs fois reporté - est enfin prévu pour la dernière semaine d’octobre et, d’autre part, sur les effets dissuasifs de l’Hadopi et la modification des comportements attendue, mettant en avant l’exemple suédois (avec une loi similaire, le numérique a progressé de 115 % en 2009 et de 96 % au premier semestre 2010) ; enfin sur l’amélioration de l’offre légale et l’accélération de son développement.
« C’est un environnement qui se crée. La régulation y participe et, même si elle n’est pas suffisante, elle est nécessaire et essentielle » estime David El Sayegh. Pour Denis Ladegaillerie, nouveau président du syndicat, il reste cependant encore des freins sur le numérique, notamment en termes de fiscalité. « Ce n’est pas un hasard si les principaux acteurs sur la musique (iTunes) et le livre (Amazon) ne sont pas français et payent leur TVA au Luxembourg » constate-t-il. David El Sayegh évoque la nécessité d’une vraie politique de fond, le dossier de la TVA à taux réduit sur les produits culturels, et du moins sur le numérique, est toujours bloqué à Bruxelles.
Perspectives…
Enfin, les chiffres présentés par le Snep révèlent un autre signe notable de reprise : le solde de nouvelles signatures (nombre de contrats signés, déduction faite des contrats rendus) redevient positif. 54 artistes ont été signés au cours des six premiers mois de l’année (contre 35 au premier semestre 2009), tandis que 37 contrats ont été rendus (contre 47 sur la même période de l’an dernier). Soit un solde positif de 17 nouvelles signatures, alors qu’il était négatif de 12 un an plus tôt.
La production semble donc redémarrer, dans un contexte pourtant difficile. Au cours du semestre, le nombre total d’albums commercialisés reste stable (458) mais recule de 16 % pour les artistes francophones, alors qu’il a augmenté de 20 % pour les artistes internationaux. « Les maisons de disques se remettent à investir. C’est notre ADN. Encore faut-il des perspectives ! » résume le directeur général du syndicat.