Le discours de la ministre de la Culture au MaMA
La musique doit être accompagnée et soutenue par une politique publique réaliste et structurante, a déclaré la ministre de la Culture et de la Communication dans le discours qu’elle a prononcé à l’occasion du MaMA le 25 octobre (sa première allocution publique devant les professionnels du secteur. Assurant que son objectif est de « veiller jalousement et amoureusement à la dynamique musicale de notre pays », Aurélie Filippetti a souligné l’importance de la structuration, l’urgence et le besoin de rationalisation des dispositifs. « J’ai d’ores et déjà demandé aux directions de mon ministère – la Direction générale de la création artistique (DGCA) et la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) – de renforcer leur collaboration au sein d’une mission « musique » que j’installerai prochainement » a-t-elle annoncé, en affichant sa volonté de « mettre en cohérence le fonctionnement du ministère avec celui de la musique, au sein duquel, aujourd’hui, la dichotomie entre spectacle vivant et musique enregistrée a largement perdu de son sens ». La ministre souhaite proposer, avec cette nouvelle mission musique, « une réflexion dynamique de fédération de nos outils », en concertation permanente avec l’ensemble des acteurs. Cette réflexion s’attachera notamment à la création d’un observatoire qui soit en mesure de nourrir autant l’évaluation des politiques mises en œuvre que les processus de prise de décisions stratégiques.
Soutenir tous les acteurs mais aussi les très petits
« J’ai pour ambition que l’Etat assure ses fonctions de régulateur et de stimulant de la nouvelle économie de la création musicale » a déclaré Aurélie Filippetti. Se disant consciente des inquiétudes et attentives aux interpellations de la filière, elle a réaffirmé « la volonté résolue du Président de la République et du Gouvernement de soutenir l’ensemble des acteurs de la musique. La ministre veut aussi « prendre à bras le corps la question de la survie de nombreuses très petites et micro-entreprises pour lesquelles le système actuel des aides financières dans la filière musicale est inadapté et/ou inaccessible ». Elle dit réfléchir actuellement à la manière la plus pertinente d’intervenir pour répondre à leurs besoins spécifiques et annonce qu’elle exposera prochainement un « plan de soutien concret séquencé dans le temps et dont plusieurs volets pourront être engagés à court terme ». Se disant « particulièrement attentive aux difficultés et à l’urgence que vivent certaines plateformes de musique en ligne », elle juge déterminante l’intervention de l’Etat « auprès des acteurs les plus fragiles ».
CNM et mission Lescure sont en bateau…
Concernant le CNM, la ministre s’est montrée moins radicale que dans ses déclarations de septembre (revirement ?), affirmant que le projet de création d’un outil cohérent de soutien à la diversité des besoins n’est pas abandonné (il « demeure plus que jamais une priorité de mon ministère et la finalité de mon action ») et qu’elle souhaitait seulement « qu’on se donne le temps qu’il faut pour qu’il puisse aboutir dans les meilleures conditions ». Quant à créer ou pas un nouvel établissement public, elle estime que « cette création n’est pas une finalité en soi ; elle ne peut être que la résultante des solutions retenues ». Aurélie Filippetti souhaite que les propositions de préfiguration du CNM relatives aux mécanismes de soutien soient l’objet d’une concertation transversale et exprime le « souci que les dispositifs d’aide soutiennent la diversité, la création et l’émergence de talents, qu’ils irriguent les territoires et répondent à l’exigence de proximité ».
Tout aussi transversale est la mission Lescure qui, au titre de l’acte II de l’exception culturelle, « doit permettre d’inventer une régulation adaptée en faveur de l’offre légale, de la protection des droits et des mécanismes de soutien financier ». Avec, au cœur de la réflexion, la question du partage de la valeur issue de la création artistique. « Le périmètre est très large, convient la ministre, et couvre tous les phénomènes d’adaptation, les phénomènes légaux et la régulation économique à l’ère du numérique ». Elle souligne qu’elle a confié la coordination de la mission Lescure à Jean-Baptiste Gourdin (jeune conseiller à la Cour des Comptes), qui était le directeur de l’association de préfiguration du CNM. Les deux dossiers semblent donc de plus en plus liés.
Aurélie Filippetti réaffirme être favorable à une révision de la fiscalité du numérique (« il s’agit de faire participer les grandes entreprises et les agrégateurs au financement de la création ») et « déterminée à ce que l’Etat soutienne et conforte la musique par les mesures nécessaires de court terme et les outils et les modes de financement adaptés et pérennes pour son avenir ». A suivre.