Le CNC met en place un plan d'action pour la musique à l'image
Le compositeur Marc-Olivier Dupin a remis le 7 novembre à Eric Garandeau son rapport sur la musique à l’image, mission qui lui avait été confiée par le président du CNC lors du Festival de Cannes en mai dernier. Objectif : revaloriser le rôle de la musique dans les films de cinéma, les œuvres audiovisuelles et les jeux vidéo, rôle aussi important que l’image dans la réussite des œuvres mais encore trop souvent négligé ou sous-estimé (comme en témoignent sa place extrêmement réduite dans la formation des réalisateurs et sa part souvent résiduelle dans les budgets.
Le rapport intitulé « La musique à l'image : les enjeux d'une meilleure prise en compte de la musique dans la création cinématographique et audiovisuelle » formule 25 préconisations dans quatre domaines :
- le soutien à la pédagogie : sensibilisation au lycée, projets fédérateurs avec les écoles supérieures de cinéma et de musique, séminaires avec des réalisateurs et/ou compositeurs, stages.
- les aides à la composition et à la production de la musique pour l’image : meilleure communication sur les dispositifs du CNC d’aide à la musique pour l’image (en concertation avec la DGCA, la Sacem et les autres organismes engagés), présence de personnalités du milieu musical dans les commissions, meilleur contrôle des moyens attribués à la musique originale, ajustement des critères (relatifs à la composition, la production, l’édition, l’enregistrement ou la diffusion de la musique originale), mise en place d’un système de bonus valorisant la musique originale, création d’une aide sélective à l’audiovisuel qui pourrait être conjointement gérée par le CNC et la Sacem, aménagements des points du barème du soutien financier, etc. Concernant le soutien au vidéoclip, le rapport préconise que les mécanismes respectifs du CNC et du FCM soient réorientés au bénéfice conjoint des producteurs audiovisuels et des producteurs phonographiques.
- les conditions de l’optimisation des ressources musicales. Le rapport évoque le manque de grands studios en comparaison avec d’autres capitales européennes, mais surtout l’obstacle des coûts. « De l’avis de tous les producteurs, la charge que représentent les droits voisins telle que l’impose la Spedidam rend irrémédiablement rédhibitoire l’enregistrement en France » écrit Marc-Olivier Dupin. « En concertation avec DGCA, le CNC pourrait initier une négociation avec la Spedidam et les syndicats de musiciens et producteurs. « Une ouverte en ce sens aurait un impact considérable sur le développement des collaborations entre le monde musical et l’industrie du film, notamment en région.
- l’action culturelle : incitation de différents festivals à créer des prix de musique originale en leur apportant une aide financière, soutien aux projets de musiques originales pour le film muet (à raison d’une vingtaine par an).
Enfin, le rapport préconise la création d’un bureau de la musique au sein du CNC, qui pourrait grandement contribuer au décloisonnement de ces deux univers professionnels, avec la mise en œuvre d’un cahier des charges précis.
Le CNC dit approuver la philosophie du rapport et les grandes lignes de ses préconisations. Il fait savoir que les décisions relatives aux aides qu’il gère seront mises en œuvre dès que possible, après discussion avec les professionnels et les autorités de tutelle. « En particulier, la présence de personnalités de la sphère musicale dans les commissions d’aides du CNC (compositeur, éditeur, interprète, ingénieur du son) sera encouragée, pour que la musique soit prise en compte de manière systématique. Les aides spécifiquement dédiées à la musique originale de film seront ouvertes au court métrage, à la création audiovisuelle et au jeu vidéo ». Dans cette perspective, le CNC engagera prochainement une concertation avec tous les professionnels du cinéma et de la musique concernés.
Auprès d’Eric Garandeau, Marc-Olivier Dupin accompagnera l’organisme dans la mise en œuvre d’un plan qui implique des relations étroites et suivies avec des institutions aussi diverses que la Sacem, l’UCMF (Union des compositeurs de musiques de Films), les orchestres symphoniques, les écoles supérieures de cinéma et de musique, les festivals, des associations françaises et internationales.... Il s’appuiera sur les équipes du CNC, en particulier sur son Bureau des auteurs, qui sera ouvert aux compositeurs.