L’annonce surprise d’Aurélie Filippetti : faire du CNV un CNM
CNM, le retour… Deux jours avant l’ouverture du Midem, la ministre de la Culture a pris la filière à contrepied en annonçant relancer le projet de Centre national de la musique, amorcé en 2011 sous le précédent gouvernement, confirmé par le candidat Hollande aux dernières présidentielles et pourtant enterré quelques mois plus tard par Aurélie Filippetti à son arrivée rue de Valois. Faute notamment d’un financement sécurisé, du moins était-ce le motif invoqué pour justifier l’abandon du chantier. Cette fois semble être la bonne, assure la ministre, qui veut s’appuyer sur un établissement existant, en l’occurrence le CNV, « que je souhaite réformer en profondeur, dans sa gouvernance mais aussi dans ses finalités pour que sa mission puisse être élargie à la musique et pour qu’il puisse être le réceptacle du financement dédié à la musique » annonce-t-elle.
L’objectif est de regrouper l’ensemble de la filière musicale dans toutes ses composantes (spectacle, musique enregistrée, export mais aussi divers organismes comme l’Irma) sous une ombrelle unique. C’est donc un Centre National des Variétés « profondément rénové et réformé » qui devra, à terme, fédérer les forces vives de la musique autour d’un objectif commun : accompagner l’ensemble de la filière musicale, sans pour autant perdre sa mission sur le spectacle vivant. Effet d’annonce opportuniste pour calmer une filière quelque peu désabusée de la politique gouvernementale et qui l’attendait à Cannes ? Si Aurélie Filippetti a confirmé, au cours de son discours au Midem, vouloir élargir les compétences et le domaine d’intervention du CNV à l’ensemble du secteur musical, la ministre n’a pas donné davantage de précision sur son financement et son calendrier.
La ministre a cependant laissé entendre que ce serait le « principe du financement de la culture par ceux qui la diffusent » qui prévaudrait, sans toutefois créer de nouvelles taxes. Elle mise sur la TST-D, sécurisée au niveau européen fin 2013, qui devrait constituer une « base solide pour poursuivre la logique de justice et de redistribution », mais aussi sur « d’autres modes d’abondement ». Aurélie Filippetti évoque, sans plus de précision, « l’élargissement de l’assiette » de taxes existantes comme une « piste de travail » et se dit « convaincue de la possibilité de nouveaux financements ».
Il y a aussi l’option d’y affecter une partie des 25% issus de la copie privée (option qui avait aussi été envisagée pour le CNM – version I) mais le cabinet Filippetti semble l’évacuer. « On travaille pour avoir un financement d’ampleur du CNV destiné au secteur de la musique. Ce sera le grand chantier de cette année » résume simplement la ministre, qui dit attendre la Loi de finances « pour avoir une idée précise du chiffrage possible ». Et de rassurer ; « Je ne m’engagerais pas dans la réforme du CNV si je n’étais pas convaincue de la possibilité de lui donner de nouveaux financements ». Il lui faudra d’abord obtenir le déplafonnement des recettes de la taxe fiscale attribuée au CNV, dont le plafond a été réduit de 27 M€ à 24,3 M€ par la loi de finances 2014. Quant au calendrier, la ministre souhaite que cette réforme ait lieu « le plus rapidement possible ».
(*) Le CNV a le statut d’Epic (établissement public à caractère industriel et commercial) avec pour mission de soutenir le spectacle vivant de musiques actuelles et de variétés, grâce aux recettes de la taxe fiscale sur les spectacles. Une mission qu’il ne perdra pas mais qui sera élargie à l’accompagnement à la production musicale et à la musique dans son ensemble. Sa gouvernance est assurée par un conseil d’administration de 32 membres, d’un comité des programmes et d’un conseil d’orientation.