FOCUS > Les droits en provenance du spectacle ont reculé en 2010
Si les perceptions de taxe fiscale sur les spectacles de variétés ont augmenté de 16 % l’an dernier, il n’en est pas de même en termes de droits générés. Ceux-ci affichent un recul de 3,8 % selon l’étude annuelle qu’a présentée la Sacem lors du Printemps de Bourges en avril. Avec un montant de 75,5 millions d’euros contre 78,5 millions en 2009, les droits d’auteur en provenance du spectacle vivant accusent une baisse significative après dix ans de croissance continue. Une première dans ce secteur qui représente 9,2 % du total des droits d’auteurs perçus en 2010.
Phénomène passager ou tendance lourde ? Les facteurs avancés sont conjoncturels, liés à une économie du spectacle de plus en plus concentrée sur quelques grosses productions (35 % des perceptions spectacle), lesquelles ne comptent que pour 4 % seulement du nombre de séances (950 sur 160 000), avec moins de poids lourds en tournée l’an dernier. C’est d’ailleurs principalement la forte chute des revenus des tournées (- 14 %) qui plombe les chiffres. « Ce recul est la conséquence directe de l’absence de dates de très grandes stars françaises comme Johnny Hallyday ou Mylène Farmer. L’année 2010 est une illustration parfaire de la concentration de ce secteur et de l’importante volatilité qui en résulte : la présence de certains artistes connus suffit pour modifier les résultats de toute une année », explique Claire Giraudin, responsable des études de la Sacem. Mais les raisons sont aussi structurelles, avec une offre de spectacles pléthorique et des cachets de plus en plus élevés (réclamés par les artistes pour compenser l’effondrement de leurs revenus tirés du disque) et répercutés sur le prix des billets, parallèlement à une baisse de la fréquentation (la faute au pouvoir d’achat), la suppression des « tour support » alloués par les maisons de disques, voire la concurrence d’offres culturelles plus abordables et attractives (jeux vidéo, cinéma…).
Quant au top 20 des tournées 2010, en termes de droits d’auteur générés, il est majoritairement francophone (voir notamment le quinté gagnant, exclusivement hexagonal) et représente 18 % des droits perçus dans le spectacle vivant, contre 24 % en 2009. « Cette concentration nuit à l’émergence de nouveaux artistes. Toute une partie des perceptions a lieu sur des spectacles à l’économie et aux jauges modestes, signe d’une diversité mais aussi d’une fragilité du secteur », analyse Claire Giraudin.