Disparition du producteur Francis Dreyfus
Le producteur et éditeur Francis Dreyfus est décédé dans la nuit du 24 au 25 juin à l’hôpital américain de Neuilly, des suites d’un cancer, à l’âge de 69 ans. Il était l’une des principales figures de l’industrie musicale française qu’il a marquée de son empreinte et restera l’un des plus importants et influents producteurs indépendants dans l’Hexagone et dans le monde. Doté d’une forte personnalité, il a permis à de nombreux artistes français et internationaux d’éclore et d’atteindre la notoriété. Il était très actif dans le jazz ces dernières années.
Un parcours exceptionnel
Après une licence de droit et des études à l’Institut d’études politiques de Paris, Francis Dreyfus, né en 1940 au Raincy, avait fondé en 1963 la Société Parisienne de Promotion Artistique ainsi que les éditions Labrador, inscrivant à son catalogue des tubes de la vague yéyé (Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et Petula Clark). Il fit ses débuts de producteur un an plus tard en signant la bande originale de la série d'animation TV « Le Manège Enchanté » (500 épisodes), diffusée dans le monde entier. A la fin des années 60, il dénicha et accompagna les débuts d’artistes français comme Alain Bashung, Bernard Lavilliers, Gilbert Montagné et Christophe (avec lequel il remporte le succès à partir de 1971) mais aussi étrangers (David Bowie, Cat Stevens, Pink Floyd, Ten Years After, T. Rex …), étant l’un des premiers à pressentir le succès de la pop britannique. Il signa aussi en édition le catalogue d’Elvis Presley pour la France.
Toujours à la pointe de la nouveauté musicale, il sera l’un des précurseurs de la musique électronique, avec sa rencontre en 1972 avec Jean-Michel Jarre, dont il produira les albums (55 millions de disques vendus, dont les mythiques « Oxygène » et « Equinoxe ») et plusieurs de ses spectacles-événements, dont ceux de la place de la Concorde en 1978 et de la tour Eiffel en 1995. Profitant de son succès, Francis Dreyfus a accru ses activités, prenant pignon sur rue aux Etats-Unis dès 1985, via Francis Dreyfus Music USA, puis avec la création de Dreyfus Records Inc. en 1993.
Il s'était aussi passionné pour le jazz, tout d’abord comme éditeur en France d’artistes tels que Miles Davis, Al Jarreau, David Sanborn et Marcus Miller, et en fondant en 1991 son label Dreyfus Jazz, qui fut celui du pianiste Michel Petrucciani et au catalogue duquel il signa Richard Galliano, Steve Grossman, Ahmad Jamal, Marcus Miller, David Dexter D., le Mingus Big Band, Biréli Lagrène, Eddy Louiss, Aldo Romano… ou encore Alan Stivell.
La défense du métier de producteur
Récompensé du Grand Prix Sacem de l’édition musicale en 1995 et d'un Lifetime Achievement Award décerné (pour la première fois à un non Américain) par l'IAJE, la plus importante association américaine en matière d'éducation pour le jazz, en avril 2006, Francis Dreyfus – tout en contribuant au rayonnement international de la musique française à travers la notoriété de ses artistes – s’est ardemment investi tout au long de son parcours dans la défense du métier. Il fut président de la Chambre Syndicale des Éditeurs de Musique (de 1972 à 1974), participa en 1986 à la fondation de la Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France (SPPF) qu’il présidait depuis 1998, administrateur de la Société Civile pour la Perception de la Rémunération Équitable de la Communication au Public des Phonogrammes du Commerce (SPRÉ), membre fondateur et administrateur de l'Union des Producteurs Phonographiques Français Indépendants UPFI)…
« Etre producteur indépendant, c'est donner un sens à sa vie » avait dit Francis Dreyfus. « Toute son équipe lui témoigne une dernière fois l'immense respect et la joie infinie d'avoir pu partager ces aventures musicales auprès de lui. L'aventure continue ... » peut-on lire sur le site de sa maison de disques.