Daniel Darc rejoint le cercle des poètes disparus
Le rock français a perdu l’une de ses figures marquantes avec la disparition de Daniel Darc, retrouvé mort le 28 février dans son appartement du XIème arrondissement de Paris, à l’âge de 53 ans. Auteur, compositeur, interprète, il avait fait ses débuts avec le groupe Taxi Girl qui marqua la pop hexagonale des années 80 (notamment avec le hit « Chercher le garçon ») avant de se lancer en solo. Personnage atypique, rocker écorché, fan de Johnny Cash et du mouvement punk, croyant, passionné de littérature et de poésie, chanteur autodestructeur, familier des excès et des extrêmes, il exprimait « la noirceur de la chanson française » (dixit la Sacem).
Daniel Darc laisse une demi-douzaine d’albums, de son premier opus « Sous influence divine » paru en 1987 à « La taille de mon âme » sorti en 2011 (plus de 100 000 ventes), en passant par « Crêve-cœur », qui signa son retour fulgurant et lui valut une Victoire « révélation de l’année » en 2005. On citera aussi de nombreuses collaborations, avec Jacno, Etienne Daho, Alizée, Tcheky Karyo, Thierry Amiel, Elisa Tovati, Buzy, Marc Lavoine, Cali, Bill Pritchard, Dani, Brent, Diabologum, Marie-France, Polyphonic Size, Marc Minelli, Frédéric Lo ou récemment Christophe.
Les hommages se multiplient depuis l’annonce de sa disparition. « Véritable légende du rock hexagonal, Daniel Darc a souvent défrayé la chronique, comme pour masquer qu’il était avant tout un poète, un auteur d’exception. De l’artiste, nous retiendrons l’œuvre, le plaisir qu’il avait à être sur scène, les tourments et l’exigence qui hantaient sa création. De l’homme, nous retiendrons la gentillesse, l’intelligence, l’humour, l’humilité et l’extrême sensibilité qui le caractérisaient » écrit sa maison de disques Jive Epic/Sony Music dans un communiqué.
La Sacem, dont il était membre depuis 1980, rend hommage à celui qui « a flirté longtemps avec la mort, triché avec la vie, vivant chaque instant avec l’intensité des êtres qui ne comptent rien. Permanent de tous les excès, il laisse le souvenir d’un homme sensible, cultivé et spontané, d’un être en dehors des cases ». « Artiste lunaire, écorché vif, il passa sa vie à essayer de dompter ses démons », tweete Pascal Nègre, PDG d’Universal Music. Pour la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, « la disparition de cet artiste entier et passionné qui vivait à mille à l’heure par goût du gouffre, par liberté, laisse un grand sentiment de vide et de tristesse au sein de la profession et du public ».
« J’irai au paradis, parce que j’ai vécu en enfer » chantait Daniel Darc. Il sera inhumé ce jeudi 14 mars au cimetière de Montmartre à Paris, après un culte d’obsèques au temple protestant de l'Oratoire (1er arrt.) à 11h15.