Consommation de biens culturels en ligne : les tendances
L’Hadopi a publié en juillet la 3ème vague de son baromètre sur les usages et pratiques de consommation des internautes français en matière de biens culturels. De cette étude, réalisée par Ifop en mai auprès d’un échantillon représentatif de 1 502 internautes de 15 ans et plus, ressort que la consommation globale de biens culturels dématérialisés est en hausse, retrouvant son niveau de décembre 2011, que le montant moyen des dépenses en la matière se maintient autour des 20 euros par mois sur l’ensemble du panel (et à 34 € pour ceux qui ont acheté des produits culturels), que la consommation licite (76%) reste stable par rapport aux chiffres enregistrés en octobre 2012 et que la part des consommateurs déclarant avoir des pratiques illicites (mixtes ou exclusives) « reste à un niveau comparable ».
Licite et illicite…
Du global au détail, il y a une nuance. Car la consommation licite exclusive concerne toujours davantage les livres (87%), les photos (87%) et les jeux vidéo (82%), tandis que la musique et les vidéoclips sont consommés légalement à 76%. C’est d’ailleurs la musique (42%), suivie par les vidéos (37%) et les photos (34%) qui contribue le plus à la hausse globale de la consommation de biens culturels, qui retrouve son niveau de décembre 2011. Ils sont par ailleurs 13% à déclarer consommer à la fois de façon licite et de façon illicite, le sondage témoignant à nouveau des incompréhensions et confusions pour distinguer ce qui est légal ou non, notamment par rapport aux usages payants. Lesquels sont considérés par 56% des internautes comme étant « forcément légaux », pourcentage montant à 59% chez les 25-39 ans et à 64% chez les Parisiens.
Concernant la consommation illicite, le détail des chiffres l’atteste, elle est en hausse : elle s’élève à 17% sur l’ensemble des internautes (contre 14% en octobre 2012), dont 4% exclusivement illicite (2% précédemment). Et en considérant uniquement ceux qui ont consommé des biens culturels au cours des 12 derniers mois, la part de consommation mixte reste inchangée à 18% tandis que les usages exclusivement illicites s’élèvent à 6%, soit le double qu’en octobre 2012 (3%). Ce sont les séries TV (13%) et les films (10%) qui en font les frais, devant les logiciels (8%) et la musique (7%) et les jeux vidéo (7%).
Motivations et freins…
Selon les déclarations de l’échantillon interrogé, être en conformité avec la loi est la première motivation à consommer de façon licite (46%), devant le respect des auteurs et créateurs (40%) et la peur des virus (35%). Mais pour les internautes ayant déclaré des usages illicites, aider des jeunes artistes ou producteurs est la troisième raison invoquée qui les inciterait à consommer de façon légale, particulièrement pour les 15-24 ans. Les avantages de l’offre légale tels que perçus par les internautes : la sécurité (55%), le respect des droits d’auteur (52%), la garantie d’un contenu conforme aux attentes (44%), la sauvegarde des achats par le site en cas de perte (28%), la facilité ou rapidité d’accès (25%) et les critiques, avis ou informations liées (13%).
Quant aux freins à la consommation licite de biens culturels, le prix est – de loin – la première raison avancée (à 79%), devant l’habitude (pourquoi payer ce que je peux obtenir gratuitement) à 46%, les usages (DRM, accessibilité, facilité d’utilisation) à 27% et le mode de paiement (notamment peur de communiquer ses coordonnées bancaires) à 24%. Enfin 25% des internautes estiment ne pas avoir besoin d’aller sur des sites légaux pour des contenus qui ne les intéressent pas vraiment, et 6% déclarent ne pas connaître de sites légaux.
Typologie des internautes…
L’étude livre aussi une typologie des internautes selon leurs usages de produits culturels en ligne, identifiants 5 profils : les « pragmatiques » (faibles besoins et occupations basiques, les moins dépensiers), les « passionnés attentifs » (plus jeunes que la moyenne, gros consommateurs de produits créatifs et ludiques, davantage portés sur l’offre légale mais pas que…), les « numérivores » (plus jeunes, plus technophiles et plus actifs, gros consommateurs de produits culturels), les « culturels légaux » (plus âgés mais plus fréquemment connectés, plus portés que la moyenne sur la légalité) et les « non consommateurs » (rarement connectés, ne se sentant pas concernés par le débat légal/illégal, constituant tout de même 29% de l’échantillon).
Profil | % des internautes 2013 | % 2012 | % consommateurs |
Numérivores | 22% | 16% | 29% |
Pragmatiques | 21% | 22% | 29% |
Passionnés attentifs | 20% | 22% | 29% |
Culturels légaux | 8% | 7% | 11% |
Non consommateurs | 29% | 33% | -- |