Bruxelles très critique sur le projet de fusion EMI-Universal
Le projet de rachat d’EMI par Universal Music annoncé en novembre 2011 pour 1,9 milliard de dollars (1,5 milliard d’euros) est examiné de très près depuis février par la Commission européenne qui se montre très réservée. Après une enquête approfondie, celle-ci considère que cette fusion serait – en l’état – incompatible avec les règles du marché intérieur, changerait totalement les relations entre l’offre et la demande dans l’industrie de la musique et représenterait un sérieux obstacle au bon fonctionnement de la concurrence puisqu’elle donnerait naissance à un géant dont la taille serait le double de celle de son principal rival en Europe. Considérant la position actuelle d’Universal sur le secteur, la domination massive que lui confèrerait cette fusion et l’impact négatif qu’aurait une telle concentration sur la diversité musicale, le régulateur européen voit d’un très mauvais œil ce rachat. Bruxelles a ainsi identifié 26 pays sur 29 où la fusion poserait problème sur le marché numérique et 21 sur le seul marché physique. La part de marché de la nouvelle entité dépasserait 50 % en France, en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Pologne. La super major pourrait, par sa taille, peser sur les prix en magasins, dicter ses conditions financières aux plateformes de téléchargement et entraver l’émergence de nouveaux modèles économiques.
Vers un démantèlement d’EMI ?
La Commission européenne a notifié ses sévères griefs à UMG dans un document de 194 pages envoyé en juin. Pour obtenir le feu vert, la filiale de Vivendi devrait consentir d’importantes concessions. La major a proposé fin juillet une série de cession d’actifs, dont celles de Parlophone (le label le mieux valorisé d’EMI), d’EMI Classics et de Capitol. Universal propose aussi un « manifeste » pour le rétablissement de la croissance de l’industrie musicale », des engagements sur ses futurs rapports avec les plateformes numériques et les labels indépendants, et sur l’augmentation de ses investissements dans le développement de nouveaux artistes. Propositions que Bruxelles juge insuffisantes. Vivendi, qui avait accepté de prendre à sa charge l’intégralité du risque réglementaire, joue gros puisque le groupe doit régler 90 % du montant de l’opération (environ 1,1 milliard de livres) le 10 septembre, sans attendre la décision formelle de la Commission européenne reportée au 27 septembre. Avec le risque que les cessions d’actifs nécessaires pour obtenir l’aval de Bruxelles ne remettent en cause l’intérêt même de la fusion.