Accalmie : le marché de la musique enregistrée en hausse de 2.3 %
A défaut de météo ensoleillée sur la Croisette, le Syndicat national de l’édition phonographique s’est réjoui au Midem d’une éclaircie salutaire. « Nous commençons l’année avec un grand sourire » a déclaré son directeur général Guillaume Leblanc en présentant le bilan du marché français de la musique enregistrée pour 2013. Celui-ci se solde par une progression de 2.3 %, une première après 12 années de baisse consécutives... On précisera que ce léger rebond, qui concerne tant les ventes physiques que les revenus du numérique, inclut les droits voisins (en hausse de 9 %), sans lesquels il n’est que de 0.9 %, à 493 millions d’euros (valeur gros HT nette de remises et retours). C’est déjà suffisant pour redonner du peps à un secteur qui en a bien besoin, après avoir fait sa mutation dans la douleur, perdant 62 % de sa valeur depuis 2002.
Les raisons de cette accalmie, poussée par les ventes d’albums : tout d’abord, une production française qui se porte bien (70 % des ventes variétés, soit 5 % de mieux qu’en 2012) avec un nombre important d’albums qui ont trouvé audience auprès du public. 17 albums d’artistes francophones se classent parmi les 20 meilleures ventes de l’année : Stromae, Maître Gims, Les Enfoirés, Zaz, Christophe Maé, Florent Pagny, Robin des Bois, Génération Goldman, Forever Gentlemen, Tal, We Love Disney, Emmanuel Moire, Les Stentors, Indochine, Pascal Obispo, Vincent Niclo. Les 3 meilleures ventes de l’année dépassent les 500 000 exemplaires, et la meilleure plus du million, « pour la première fois depuis 2004 » souligne le Snep. C’est aussi dû à un calendrier plus équilibré, avec des sorties importantes bien réparties tout au long de l’année. Le pic ayant eu lieu au 2ème trimestre (37 % des sorties), rompant avec la concentration habituelle du 4ème trimestre (21 % des sorties en 2013, contre 61 % l’année précédente).
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Quelque peu atypique donc, 2013 est une année « qui nous a fait du bien et nous a permis de reprendre notre souffle » commentait Stéphane Le Tavernier, président du Snep et PDG de Sony Music, quelques jours avant le Midem. « C’est une petite accalmie mais pas encore l’euphorie. Dans le contexte actuel, c’est déjà une victoire, même si elle est encore fragile » ajoute Guillaume Leblanc. D’autant que la progression des revenus numériques – lesquels représentent 26 % des ventes de musique enregistrée en 2013 – se tasse avec seulement 0,6% de mieux. Le téléchargement baisse de 1 % en valeur (on notera tout de même le score des albums, en hausse de 8,7 %) tandis que le streaming enregistre une « petite progression mais encore mince ».
Le futur en streaming…
Stéphane Le Tavernier y voit « une mutation dans la mutation, un changement dans la façon dont le digital se comporte et se structure ». La grande question reste l’avenir du streaming et les perspectives qu’il offre, entre espoir pour les producteurs et inquiétudes pour les artistes. « On y croit mais il ne génère pas encore beaucoup d’argent » convient-il, en l’expliquant par le peu d’abonnés aux services de streaming audio payants, une population évaluée à seulement 1,5 million de Français aujourd’hui. « Il s’agit là d’un public averti, très consommateur de musique. Ce n’est pas suffisant. Il faut développer cette population, toucher un public plus large » explique le président du Snep, en incitant les acteurs du streaming à être plus communicants et didactiques. « 80% des Français ne savent pas que des offres d’abonnement existent », déplore Pascal Nègre, président d’Universal Music France.
Pour le Snep, « l’enjeu est de sortir du cercle des initiés. Cela passe par un effort de notoriété, un souci de sophistication des offres de streaming », résume Guillaume Leblanc. S’il ne constate pas encore de modèle économique stabilisé, le syndicat se réjouit de l’arrivée de nouveaux acteurs internationaux, mais aussi locaux : Google Play, la Fnac (qui s’y prépare), TF1 (qui envisage de s’y mettre)... Ce qui devrait élargir le marché et – les producteurs en sont convaincus – permettre au streaming de s’imposer auprès du grand public. « A terme, il est clair que les revenus qu’il génère rapportent beaucoup plus que le téléchargement » assure Pascal Nègre. Pour résumer, le recrutement de nouveaux abonnés sera l’enjeu majeur pour 2014 et après.
NB : En prix de vente détail, le marché de la musique enregistrée s’élève à 716 M€ (ventes en magasins à 83% + téléchargement légal, hors streaming et abonnement), chiffre en baisse de 4% selon GFK Music. En termes de volume, ce sont 48.5 millions d’albums, 40.7 millions de titres (principalement numériques) et 1.8 million de vidéomusiques qui ont été vendues l’an dernier.