Loi Création et Internet : le baroud des artistes ?
Les artistes et créateurs soutiennent la loi Création et Internet. C’est le message qu’ont voulu faire entendre les sociétés d’auteur – Sacem et SACD – en organisant une conférence de presse le 30 mars au Théâtre de L’Odéon à Paris. Une trentaine d’artistes de la musique et quelques cinéastes avaient répondu à l’appel pour cette mobilisation de dernière minute, programmée quatre heures avant le redémarrage de l’examen du projet de loi à l’Assemblée. Un baroud d’honneur pour influencer le vote des députés ? On peut en effet s’étonner de voir les artistes se mobiliser si tardivement. L’aréopage présent a défendu en chœur le bien fondé du projet de loi, dénoncé le pillage des œuvres sur la toile, souligné les menaces qu’il fait peser sur la diversité culturelle, confié ses inquiétudes et réaffirmé que c’est le droit d’auteur qui permet la liberté d’expression et permet aux artistes de vivre du fruit de leur travail.
Extraits des déclarations :
▪ « Pour élever ma gamine, il faut que je gagne ma vie. Si on ne peut plus le faire en chantant, il faudra prendre un autre boulot ; on va tomber dans l’amateurisme » - Agnès Bihl.
▪ « La finalité du texte n’est pas de couper l’accès à Internet. Son but fondamental est de rappeler que pirater est illégale » - Christian Caron, cinéaste.
▪ « Pirater n’est en rien un droit fondamental » - Alain Chamfort, qui juge « inquiétante la violence de certains pirates » à laquelle il a été confronté lors de « chats ».
▪ « Je suis contre surveiller les internautes, je suis pour surveiller les œuvres, voyez-vous ? » - Da Silva.
« L’équation est très simple à comprendre. Quand on vend 60 % de disques en moins, c’est 60 % d’argent en moins dans les maisons de disques, il n’y a plus de jeunes artistes, il n’y a plus de diversité culturelle » - Thomas Dutronc.
▪ « Ce n’est pas une loi liberticide, au contraire, c’est une loi qui protège la liberté de création » - Renan Luce.
▪ « Un jour viendra où les téléchargeurs n’auront plus rien à télécharger » - Alain Corneau.
▪ « Mes films se financent à 60 % par la vente de DVD. Mais les ventes chutent de 10 % par an à cause du piratage. Il est impossible de faire aujourd’hui les films que je faisais il y a 15 ans » - Jean-Jacques Anneau.
▪ « Ce sont les artistes les moins connus qui subissent les conséquences du piratage » - Françoise Hardy.
▪ « Cette loi a la grande qualité d’être inachevée et expérimentale. Elle est raisonnable et, pour l’instant, pas coercitive. J’espère qu’il ne faudra pas la rendre plus sévère » - Jean-Claude Carrière.