Bilan du Midem 2009 : une nouvelle ère commence…
Tous les professionnels présents à Cannes l’auront noté. La 43ème édition du Midem, qui s’est déroulée du 18 au 21 janvier, a enregistré une nette baisse de fréquentation avec 8000 participants de plus de 80 pays. Soit 12 % de moins que l’édition précédente. La faute à la crise du disque, mais aussi à la crise financière. C’est surtout le signe des mutations en cours, car « la baisse de fréquentation est surtout sensible sur la partie CD de l’industrie : distributeurs physiques, usines de fabrication, petits labels qui n’arrivent à survivre à la crise ou qui n’ont pas suffisamment de productions pour justifier une venue à Cannes chaque année » explique Dominique Leguern, directrice du Midem, qui met en avant l’intensité des échanges durant ces quatre jours. « Une tonne de business se fait à Cannes. La presse accorde trop d’importance aux chiffres. Personnellement, je ne m’inquiète pas de savoir s’il y a 8 000 ou 8 millions de personnes au Midem. Je regarde plutôt la qualité des participants. S’il y a moins de monde, cela permet aussi de profiter au mieux de l’événement en n’étant pas harcelé toutes les cinq minutes » dit Harvey Goldsmith, DG de Artiste Management Productions, personnalité emblématique s’il en est du music business.
Restons donc positifs. On mettra en avant la pertinence des thématiques abordées lors du Midem avec, pour principales sources d’intérêt, l’arrivée des marques (« sans doute la tendance la plus significative et qui va se développer dans les années qui viennent » souligne Dominique Leguern), les nouveaux modèles économiques en développement (on a notamment beaucoup parlé du service de téléchargement illimité de Nokia, Comes With Music), et la nouvelle approche des artistes et des professionnels par rapport aux fans (il était temps ! Le grand fossé qui s’est peu à peu creusé entre l’industrie musicale et les consommateurs a favorisé la crise du disque et est en grande partie responsable de la perte de valeur de la musique dans les esprits).
On notera aussi le succès de la première édition du Publishing Summit (« les éditeurs sont une composante importante du marché et jouent un rôle clé car ils ont une grande responsabilité dans l’accélération du licensing »), qui sera reconduit l’an prochain. Côté artistes, on retiendra notamment la présence de Charles Aznavour, distingué au Midem pour l’ensemble de sa carrière, le showcase de Donovan, le set de Jamie Cullum et, parmi les « Midem Talent » programmés au Magic Mirror, deux nouvelles sensations particulièrement remarquées : Charlie Winston (Atmosphériques/Real World) et Sliimy (jeune stéphanois de 20 ans, signé chez Warner). Au total, plus de 300 artistes de 23 pays se sont produits lors du Midem.
Au final, cette édition 2009 s’est avérée dynamique et très intéressante, n’en déplaise aux mauvaises langues, aux aigris et aux nostalgiques. « Une nouvelle ère a commencé, l’industrie a tourné une page » résume Dominique Leguern, en soulignant l’attention de son équipe et ses discussions tout au long de l’année pour affiner le marché et le rendre le plus en phase possible avec les préoccupations des participants. En ce sens, le pari du Midem – à la fois showroom, caisse de résonnance et rendez-vous privilégié des professionnels (et de leurs partenaires) – est encore gagné. Il donne, au moins une fois l’an, une vision globale et à 360 % de l’industrie musicale et un indicateur de son futur.
Après deux années où les dates avaient été légèrement avancées, la prochaine édition du Midem se tiendra du 24 au 27 janvier 2010, et le 23 pour le MidemNet. A ce propos, à la question récurrente de mêler les deux événements (une seule accréditation, accès à tous les participants), Dominique Leguern explique que cette option n’est pas envisageable pour des questions de capacité d’accueil du Palais des festivals.