Les auteurs et compositeurs polynésiens se mobilisent
Rien ne va plus pour les créateurs polynésiens, pénalisés par l’imbroglio autour de la Spacem, la société chargée de percevoir et répartir leurs droits d’auteur, dont un administrateur judiciaire parisien (Me Philippot) s’est vu confier la tutelle depuis 2005, après de graves anomalies constatées. Lors de l’assemblée générale extraordinaire qui s’est déroulée à l’hôtel Sheraton de Papeete le 15 mai, les résolutions proposées par les sociétaires de la Spacem ont été rejetées, le conseil d’administration maintenu et aucune sanction n’a été prise, comme le réclamait le Syndicat polynésien des auteurs et des compositeurs (Spac). L’audit de la Spacem présenté lors de cette assemblée générale confirme « qu’une accumulation de carences, de pratiques sinon douteuses, du moins préférentielles, ont pratiquement sclérosé son fonctionnement. Faute de règles précises visant à la transparence, elle (la Spacem) a d’une certaine façon failli à sa mission ». L’administrateur indique que « le redressement de l’activité et la remise à niveau ne pourront donc passer que par une mise en œuvre et un respect de procédures destinés à faire fonctionner à nouveau une machine qui est à l’arrêt ».
Dans un communiqué, le Spac dit se réserver « le droit de tirer toutes les conclusions de cet audit, de la gestion anarchique constatée et dénoncée par de nombreux sociétaires et plusieurs audits, et du préjudice finalement subi par une grande majorité d’ayants droit ». Le président du syndicat, Théo Sulpice, rappelle que « devant la complexité de l’affaire et le manque de coopération du gérant de la Spacem, Luc Faatau, ancien ministre du gouvernement Flosse, le mandataire judiciaire a dû mettre plus de trois ans pour rédiger son audit et le présenter aux sociétaires », en précisant que le dossier avait été délocalisé en métropole. Récemment, Théo Sulpice s’est longuement entretenu avec Gaston Tong Sang, président du gouvernement de la Polynésie française, pour évoquer la possibilité de créer – en partenariat avec la Sacem – une nouvelle société de perception et de répartition de droits d’auteurs, en remplacement de la Spacem. « La culture polynésienne est en deuil » estime le président du Spac qui, si rien n’est fait par le gouvernement polynésien, demandera à tous les artistes et organisateurs de manifestations culturelles de la zone, d’arborer à l’occasion du Heiva (le grand concours annuel des arts traditionnels qui se tient en juillet) « un ruban noir autour du bras tout au long de leur prestation ».