Justice réagit à la polémique déclenchée par son nouveau clip
Après avoir raflé un MTV Vidéo Award l’an dernier et deux mois après avoir remporté la Victoire du meilleur artiste de musique électronique (face à David Guetta, Bob Sinclar et Wax Tailor), le groupe Justice (Ed Banger Records) suscite la polémique avec son nouveau clip, qui illustre le titre « Stress ». Réalisée par Romain Gavras, fils de Costa Gavras et cofondateur du collectif Kourtrajmé, la vidéo met en scène une bande d’ados des cités, vêtus de blousons à l'effigie de la croix symbole du groupe, se livrant à divers actes de vandalisme et agressions sous l’œil de la caméra. Musique oppressante et ambiance « Orange Mécanique » du XXIe siècle. Stress donc… Trop choc pour être diffusé en télé, le clip soi-disant « censuré » s’est rapidement propagé sur Internet. De quoi diviser les internautes, dont les commentaires affluent sur la toile, les uns y voyant une stigmatisation des jeunes de banlieue (tous des racailles ?), les autres félicitant le groupe pour cette dénonciation bienvenue de la violence gratuite et des amalgames avec la propagande sécuritaire. Trop violent le clip ? Ou trop proche de la réalité ? Le message divise, mais le buzz est assuré : un million de visites étaient déjà recensées douze jours après sa mise en ligne, entre MySpace, YouTube et DailyMotion…
Après être restés silencieux sur le sujet, Xavier de Rosnay et Gaspard Augé, les deux membres de Justice, ont décidé – devant l’ampleur que prend la polémique – de s’expliquer dans un communiqué en date de ce 13 mai :
« La vidéo de « Stress » est née d’une idée : offrir un clip indiffusable en télé à un titre indiffusable en radio. Sans la contrainte de réaliser un clip « diffusable », nous avons pris toutes les libertés avec ce support. Pas pour choquer gratuitement : juste pour ouvrir le débat, susciter des questions, comme le font régulièrement le cinéma, la littérature ou l’art contemporain. Avec cette liberté viennent des risques : être mal interprétés, voire instrumentalisés.
Nous ne l’avons à l’origine confié qu’à un seul site web (celui de Kanye West), certains que ce clip trop long, trop violent et aussi peu consensuel ne pouvait exister qu’en dehors des schémas habituels.
Nous étions conscients que le clip était sujet à controverse. Nous n’imaginions pas un instant que le débat irait si loin, que nous nous retrouverions à devoir nous justifier sur des sujets aussi graves.
Mais la récupération massive de ce clip, en quelques heures seulement, nous a rappelé à quel point il est difficile aujourd'hui de contrôler la destination des images et l’intégrité de leur propos.
Nous n’avons ni l’intention ni la légitimité de parler en profondeur des problèmes de société.
Ce film n’a jamais été envisagé comme une stigmatisation de la banlieue, comme une incitation à la violence ou, surtout, comme un moyen larvé de véhiculer un message raciste.
Cette vidéo n’a jamais été censurée. Nous avions pris dès le départ la décision de refuser systématiquement toute diffusion télévisuelle afin de ne l’imposer à personne.
Nous avons donc toujours laissé au spectateur le choix de la voir ou de l’ignorer sans jamais tenter d’orienter sa pensée, conformément à l’idée que nous nous faisons de l’art et du divertissement ».