EMI annonce une restructuration fondamentale
Le fonds d’investissement Terra Firma, qui a racheté EMI l’été dernier pour 4,8 milliards d’euros, avait prévenu début novembre : des changements fondamentaux sont nécessaires pour redresser la major. On se souvient des propos acerbes de son Pdg Guy Hands. Cette fois, le grand ménage est officiel. EMI a annoncé le 15 janvier un plan de restructuration quelque peu brutal, comme ont pu le constater les cadres du groupe, convoqués par leur actionnaire dans un cinéma de Londres. Il prévoit 1500 à 2 000 suppressions d’emplois sur les 5 500 que compte aujourd’hui la major dans le monde (contre 9 500 au début de la décennie).
L’encadrement et les artistes seront les plus touchés
L’encadrement et les artistes seront les plus touchés
Selon la presse britannique, les trois quarts des cadres, soit 400 personnes, seraient licenciés, tandis que le département artistique serait étoffé. « Dans quelle autre industrie, 10 % des effectifs constituent l’encadrement et seuls 6 % sont réellement dédiés à la production ? » s’insurge Guy Hands qui annonce parallèlement un grand ménage dans le catalogue. Sur les 14 000 artistes sous contrat avec EMI, 85 % feraient perdre de l’argent à leurs labels tandis que seulement 200 génèreraient des revenus substantiels, note le Pdg, en rappelant que la maison de disques débourse 25 millions de livres (33 M€) par an pour pilonner les CD invendus. Du coup, Guy Hands prévoit de ne pas renouveler un certain nombre de contrats, de tailler allègrement dans les dépenses marketing et les avances consenties aux artistes (qu’il considère comme économiquement illogiques), d’augmenter les budgets consacrées à la recherche de nouveaux talents (qui seront soumis à des « focus groups », des panels de consommateurs, selon lui, tout aussi compétents que les créatifs) et de miser sur l’activité publishing jugée très rentable.
Un monde disparu à tout jamais
Accusant l’industrie musicale d’avoir « enfoui le processus créatif sous la bureaucratie » et de vivre « sur la croyance que si vous avez des hits, vous ferez assez d’argent pour couvrir tout le reste », le nouveau propriétaire d’EMI considère que la maison de disques est « bloquée sur un modèle conçu pour un monde qui a disparu à tout jamais ». D’où ces changements radicaux dans le fonctionnement de la major, qui devraient être effectifs dans les six prochains mois. Par cette restructuration, le groupe EMI vise une meilleure efficacité et des économies substantielles de plus de 200 millions de livres par an, dans l’objectif de dégager un bénéfice de 528 millions de livres d’ici 2012. Terra Firma annonce son intention d’injecter 200 millions de livres supplémentaires dans la major dont les pertes en 2007 atteignent 287 millions de livres (378 M€). Voir le communiqué officiel d’EMI à l’adresse : http://www.emigroup.com/Press/2008/press3.htm.
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