Tidal, première plateforme de streaming détenue par les artistes
L’événement du moment est le lancement de Tidal, la nouvelle plateforme de streaming acquise par Jay-Z. Un lancement orchestré en grande pompe le 30 mars à New York lors d’une conférence de presse à laquelle participait sur scène, aux côtés du rappeur businessman, le gratin des stars internationales.
Rachetée pour 56 millions de dollars (51 M€) à la société norvégienne Aspiro AB, cotée à la Bourse de Stockholm et dont Wimp est le principal actif, « Tidal s’emploie à entretenir une industrie qui promeut la santé et la pérennité de notre art et de notre secteur à travers le monde (…). C’est la première plateforme de musique détenue par des artistes » a souligné Alicia Keys, en maîtresse de cérémonie et aussi actionnaire, tout comme Beyoncé, Daft Punk, Kanye West, Deadmau5, Madonna, Nicky Minaj, Rihanna, Usher, Win Butler et Régine Chassagne (Arcade Fire), Jack White, Chris Martin (Coldplay), Calvin Harris… Un conseil d’administration encore jamais vu.
Alors que le modèle freemium (accès gratuit financé par la publicité) se voit de plus en plus critiqué tant par les labels (qui l’ont pourtant favorisé) que par les artistes pour les faibles revenus qu’il génère, Tidal mise uniquement sur le payant et sur un son haut de gamme, à l’instar de Qobuz. La plateforme propose une offre à 19,90 € par mois pour un catalogue de 25 millions de titres, avec une écoute en qualité FLAC (Free Lossless Audio Codec, le meilleur son hi-fi, théoriquement sans aucune perte audio) à 1411 kbps, 75 000 vidéoclips en haute définition et un contenu éditorial sélectionné. Un abonnement à 9,99 €/mois est aussi proposé pour du streaming en version MP3 standard
Si la question de la rémunération des artistes a été brièvement abordée, Vania Schlogel, l’une des dirigeantes de Tidal, a assuré sans plus de détail que les royalties seront plus importantes que celles versées par la concurrence (entre 0,006 et 0,008 dollars par stream chez Spotify). « Le but de tout cela est d’amener les gens à respecter la musique de nouveau, à reconnaître sa valeur » a expliqué Jay-Z. « Finally, it’s happening »…
Pour la première fois, les artistes – et non des moindres – reprennent le contrôle total de la diffusion de leur musique, jusque-là assurée par les labels, intermédiaires et plateformes externes. Avec des avantages incontestables : le contact direct avec les consommateurs (direct-to-fans), une puissance de frappe médiatique sans commune mesure et des pouvoirs individuels de prescription (compte tenu de la notoriété des artistes actionnaires) qui, cumulés, pourrait sérieusement changer la donne.
Si l’on considère les 512 000 abonnés que compte déjà Tidal en Europe du Nord, auxquels s’ajouteront les fans-bases cumulées des artistes actionnaires et les futurs adhérents au service, l’initiative a de quoi inquiéter la concurrence. « C’est le début d’une nouvelle ère » estime Alicia Keys.