Streaming : l’industrie musicale met la pression aux plateformes
Les labels haussent de plus en plus le ton face aux sites de streaming pour les inciter à délaisser le modèle gratuit (qui leur rapportent des revenus « très » ridicules) pour celui des abonnements payants (aux revenus « un peu moins » ridicules – NDLR). Il y a quelques mois, Marty Bandier, patron de Sony-ATV (la filiale publishing de la major) – considérant que 1 million d’écoutes sur Pandora ne générait que 60 dollars de royalties – dénonçait une situation « intolérable ». Alors que les revenus du streaming, avec 1.87 milliards de dollars, ont dépassé pour la première fois en 2014 les ventes de CD aux Etats-Unis, l’enjeu est de taille pour l’industrie musicale.
Universal Music, en pleine renégociation avec Spotify au sujet des droits de son catalogue, met actuellement la pression au numéro Un mondial de la musique en ligne. Pour son PDG, Lucian Grainge, le « freemium » (modèle gratuit financé par la publicité) n’est pas capable « de soutenir l’ensemble de l’écosystème, aussi bien les créateurs que les investisseurs ». Selon le Financial Times, Universal profiterait de la renégociation de ses contrats de licence avec Spotify pour amener la plateforme à opter pour un modèle économique plus rémunérateur. La major avait déjà mené un bras de fer similaire avec Deezer en 2010 avant de parvenir à un accord à l’amiable en 2011.
Apple, dont le service de streaming qui fusionnera Beats Music, iTunes et iTunes Radio devrait être présenté en juin, est aussi en pleine négociation avec les maisons de disques pour l’utilisation de leurs catalogues Selon Billboard, les échanges butent sur le prix de l’offre payante que la firme à la pomme veut proposer moins cher que celui de ses concurrents. Les labels s’y opposent, menaçant de rejeter l’offre d’Apple. De leur côté, les artistes s’insurgent de plus en plus contre les faibles revenus du streaming. Un modèle « insensé » estime Bjork qui a refusé que son nouvel album soit en écoute sur Spotify, Deezer et consorts. Vers la fin du « freemium » ? De l’avis des dirigeants des grandes maisons de disques, le modèle pourrait disparaitre d’ici la fin de l’année, rapporte le magazine Rolling Stone.